Tegmin Rowle ▬ They looking at me

Tegmin Rowle. Un nom qui fût répété, encore et encore quand tu venais de naître. Fierté d'un père. Amour d'une mère. Tu étais leur premier enfant. Celle qui devrait donc faire tout son possible pour que la famille Rowle soit bien vue. Un objectif simple à comprendre. Or. Le seul soucis, c'est que tu n'es pas du genre à suivre les règles. Bien au contraire. Tu es plutôt quelqu'un de farouche, qui sait ce qu'elle veut. À vrai dire, dès ton plus jeune âge, tu bougeais beaucoup. Bien trop pour ta pauvre mère, qui avait du mal à te suivre à peine avais-tu appris à marcher. Tu étais curieuse de tout. Absolument tout ce qui passait devant tes yeux était intéressant. 

Absolument
tout.

En grandissant, tu avais fini par comprendre que ta famille est du côté des méchants. Des Mangemorts, ce sont comment on les appelle pour certains. Dû à ton jeune âge, tu ne comprenais pas trop ce que cela voulait dire concrètement. Mais ton père, qui en était un, t'expliquait par des manières détournées que ce sont des personnes qui n'ont pas franchement de limites pour faire adopter leurs idéaux. Qu'ils ont des idées précises, menés par une personne précise également. Cela ressemblait aux contes que l'on te racontait durant ton enfance. Une personne précise qui mène d'autres personnes, comme un roi. Des idées précises qui lient un groupe de monde, comme le peut être un royaume. Voilà la comparaison que tu t'étais faite toute seule. 

Mais tu avais grandi tout de même dans une famille unie. Belle et "joyeuse" diront-on. Un peu cliché de raconter quelque chose de la sorte par rapport à sa famille, non ? Par ailleurs, tu avais eu ton signe de magie à tes trois ans, et ce fut le plus beau jour de tes parents. Tu ne les avais jamais vu aussi enjoués, aussi impatient de préparer une fête dans votre manoir histoire de fêter ça. Tu n'y comprenais pas grand chose, mais ce qui était sûr, c'est que tu étais contente d'avoir encore un jour où l'on te félicitait de quelque chose. Après tout, qui n'aime pas être au centre du monde ? Sans doute bien plus de personnes que tu ne pourrais le croire, en effet. Mais ce qui était sûr, c'est que ce n'était pas pour te déplaire, du tout. 

C'est quelques années plus tard, vers tes huit ans, que ta mère t'annonçait que dans quelques printemps, tu iras dans une école de sorcellerie. Tu ne sais pas pourquoi elle ne t'en avait jamais parlé. Sans doute qu'elle pensait que tu n'irait jamais dans ce genre d'école, car même si ton père t'avait déjà apprit les bases, la magie, ce n'était clairement pas ton fort. Tu n'étais pas totalement enjouée à l'idée d'aller dans un établissement inconnu, en plus pour étudier, mais tu n'as sincèrement pas le choix. Tu n'avais pas non plus eu le choix, quand ta mère t'avait annoncé qu'elle attendait un autre enfant. Que tu allais avoir un magnifique petit frère. Ce n'est pas la meilleure des nouvelles qui soit, mais tu souriais de bon cœur, cela avait l'air de leur faire plaisir.


Malgré les petites tensions qui pouvaient se propager à l'extérieur, ainsi que dans ta famille, entre les contacts que ton père avait avec ses "amis" sang-pur, ton petit frère était né, un 9 juin 1969. Arthur, de son prénom. Au final, tu constatais bien qu'il avait un peu trop de points communs physiques avec toi. Des cheveux bruns, sombres, des yeux clairs. Au moins, on est sûrs que ta mère n'a trompée personne. Mais tu n'as pas pu connaître ton frangin très longtemps, car vint l'année de tes onze ans, l'année où tu découvriras la vie à Poudlard.

Tu avais donc commencé ta scolarité avec les histoires des maisons. Tu fus placée à Serpentard. Les verts et argents de Poudlard. Cela te convenait pas mal au final. De toute manière, tu n'avais pas été éduquée de la sorte à te montrer désagréable quand quelque chose te déplaît. Du moins, pas tout le temps. Les cours étaient assez redondants, vraiment chiants. Peu-à-peu, tu t'es transformée en ce genre d'élève qui n'écoutait plus rien, se contentant de rire avec les personnes qui ne suivaient rien du tout non plus. Les heures de colles s'entassaient, mais tu avais l'air d'en être très fière, de toutes ces feuilles qui s'empilaient dans ton dossier scolaire.


Quatre ans que tu es ici déjà. La veille des vacances, tu avais reçu une lettre, de ta mère. Une lettre à l'intonation froide, tu pouvais presque entendre la voix de cette dernière rien qu'en lisant des mots écrits sur un papier. Elle t'y expliquait qu'il ne fallait pas que tu sois choquée en rentrant à la maison, que rien ne sera pareil désormais. Que la famille vit un moment terrible.


Un moment
terrible ?


Bien que l'on essaye généralement d'exclure les élèves des actualités, tu avais bien entendu les échos de l'extérieur. Qu'il y a une guerre, ton père te l'avait écrit en secret dans une lettre que tu as toujours. Peut-être était-ce lié à tout ça ? Ou non ? Tu ne peux pas deviner, à vrai dire, ta mère était restée très vague dans ses écrits, et la seule chose que tu attendais maintenant, c'était de rentrer au manoir.

Rentrer au manoir. Seule chose que tu voulais après avoir reçu cette putain de lettre. Au final, à peine avais-tu posé le pied hors du train, que ta mère t'avait serré dans ses bras, explosant en pleure. Arthur est mort. Personne n'arrive à comprendre la raison de sa mort. Un meurtre ? Une mort parfaitement naturel ? Personne ne le savait. Et l'emmener chez un médecin pouvait être à risques, vu la situation actuelle en Grande-Bretagne. Cela t'avait touché, pour sûr. C'était tout de même un membre de ta famille, non ? Et en six printemps, tu avais appris à l'aimer, le chérir, appris à vouloir le protéger. Alors...


Pourquoi ?


A partir de ce jour, tu avais sombré dans une grande dépression. Tu voulais comprendre, mais tu n'y arrivais pas. Tu voulais t'en sortir, mais comment ? Le seul échappatoire que tu avais trouvé à tes fébriles 16 ans, fut de commencer à toucher à des matières illicites. Elles te faisaient sentir bien. Tu savais te mettre des limites, et tu n'en consommais que quand tu étais réellement au bord du gouffre. Tes parents ne l'on jamais su, et ne le sauront jamais. Tu sais te faire discrète, même quand tu avais dû reprendre les cours. Tu étais parfois mentalement absente, mais qu'importe, au moins tu te sentais bien. Légère, épanouie.


C'est d'ailleurs cela qui t'avait permis de finir tes études avec des notes plutôt bonnes. Ton diplôme en poche, tu arriveras assez rapidement à trouver un poste au Comité des inventions d’excuses à l’usage des moldus. Il ne fallait pas grand chose comme connaissance pour y rentrer, et malgré tout, tu avais un dossier clean, malgré tes consommations discrètes et tes idéaux se rapprochant de ceux de ton père, des idéaux de Mangemort en somme.


Tu avais cependant cessé de consommer quoi que ce soit, quand on t'avait prévenu d'un mariage arrangé. Ah, merde. Avec un certain Evan Rosier. Tu ne connaissais rien de lui hormis que tu l'avais parfois aperçu durant les soirées entre sang-purs. Tu ne l'aimes absolument pas, mais on t'avait pas demandé ton avis, alors tu avais dû faire avec et cela te fait grandement chier.