Honore ton nom, foi de Malefoy. Lucius

Rubrique nécrologique de la Gazette du Sorcier – juin 1979 :
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- Abraxas Malfoy,
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Lucius, attablé dans la salle à manger du Manoir Malefoy, tient l’hebdomadaire entre ses deux mains fébriles. Depuis quelques jours, ses deux pupilles bleues s’étaient grisées, ternies par l’ombre des nouvelles responsabilités qui lui incombent désormais.

L’elfe de Maison aussi pitoyable que compatissant verse dans une tasse de porcelaine un thé fumant. Lucius ne lui accorde pas un regard, et l’elfe repart bredouille de gratitude.

La dragoncelle.

Aussi loin que sa mémoire lui permet de s’en souvenir, Abraxas Malefoy était un père très occupé, tantôt en voyage d’affaire, tantôt enfermé des heures dans son bureau auquel Lucius n’avait délibérément pas accès. Il avait tenté d’y pénétrer à plusieurs reprises, autant épris de curiosité que d’envie de passer du temps avec son père. Son père, cet homme influant et riche, dont il avait tenté d’attirer l’attention toute son enfance durant, sans résultat.

C’est dans les jupons de sa mère, Amadéa, qu’il trouvait refuge. Amadéa était une « bonne épouse », douce, belle, pure de sang, prête à tout pour son fils et son mari. Sa plus tendre enfance, il l’a passé à ses côtés. Tous deux attendaient impatiemment le retour de son père. Amadéa traitait Lucius comme un roi, la seule et unique merveille du monde. Elle lui apprit les rudiments de la culture, telle que la lecture et les mathématiques puis, plus tard, les fondements des rapports sociaux et de la politique.

Dès son plus jeune âge, Lucius savait qu’il épouserait une femme au sang pur digne de son nom, qu’il contribuerait à pérenniser le respect, l’engagement et la richesse des Malefoy dans la société sorcière. Lorsque sa mère lui prédisait l’avenir, les pupilles de Lucius brillaient, il s’endormait en rêvant de puissance, d’allégeance et d’or sans fin.

C’était alors un petit garçon espiègle, brusque, capricieux, et le contact avec les autres enfants le rappelait à l’ordre : tous ne faisaient pas ce qu’il voulait, tous n’étaient pas prêts à le suivre dans ses jeux préférés. Alors il joua les tyrans, recevant autant de cailloux qu’il n’en lançait.

A Poudlard, Lucius s’efflanqua de gars assez bêtes pour l’écouter, entouré « d’amis » aussi fourbes qu’intéressés. Il n’aimait pas vraiment étudier, il préférait jacasser et se pavaner de long en large et en travers de la Grande Salle, sous le nez de ces pitoyables Gryffondor et leur lion vaniteux. Mais louper ses examens, être bon dernier, il ne pouvait se le permettre. Alors il trichait comme il le pouvait, lisait ses notes au dernier moment, se débrouillait toujours pour obtenir ses examens de justesse et surtout, surtout, sans trop se fatiguer.

Bon à rien. Voilà ce que ses résultats évoquaient à son père. « Un jour tu reprendras le flambeau de la Maison des Malefoy, un moins que rien se contentant de notes passables à la tête d’une inestimable fortune ».
Lucius encaissait, trop peureux pour se rebeller, si bien qu’il se vengeait sur le premier faiblard qu’il croisait. A quoi bon se fatiguer à travailler ? Un jour, il fera partie des plus grandes fortunes sorcières et tout le monde sera à ses pieds. Tout le monde !

Quand Lord Voldemort pris la tête des purificateurs de sang, son père se rangea immédiatement à ses côtés, avisant Lucius qu’à sa sortie de Poudlard, il devra faire de même pour honorer son sang.

Lucius aimait sa famille, son histoire, son argent, il aimait terroriser les gens et leur inspirer du respect. Il était fier de son sang. Mais la guerre, la mort, le « nettoyage » de la lignée sorcière, en avait-il vraiment envie ? Assurément, il ne pouvait se ranger aux côtés des faibles, encore moins refuser de marcher aux côtés d’un mage aussi puissant que Lord Voldemort. Et le destin s’accomplie.
Quelques années plus tard, Lucius est là, assis à la table familiale, à sa place, la deuxième à partir du bout, à la droite de son père qui trône en bout de table sur le siège du Maître de Maison. Il regarde une dernière fois le nom de son père inscrit dans la rubrique nécrologique. L’homme qui l’avait terrorisé, ignoré, était mort. Abraxas Malefoy, sang-pur, riche, influant, respectable, n’avait pas survécu à la dragoncelle.

A l’étage, il entendait l’Elfe de Maison qui tentait désespérément de calmer sa maîtresse éprise d’une terrible crise d’hystérie. Amadéa réussira-t-elle à se remettre de la perte de son cher et tendre et précieux mari ?

Lentement, Lucius se sépare du journal. Ce jour devait arriver. Il se lève, reculant son siège qui grince sur le carrelage. Il l’avait attendu toute sa vie. Lucius fait quelques pas. C’était à lui. C’était pour lui. Cela lui revient. D’une main tremblante il tire le siège qu’occupait son père. Cette place lui revient. Il n’est plus là. Toujours aussi lentement, Lucius Malefoy s’installe en bout de table, peinant à réaliser que désormais, honorer le nom de la famille Malefoy lui incombait. Désormais, c’est ça responsabilité. Il ne pouvait se permettre de faillir, il est impensable de trahir son nom.

Tandis qu’il prend conscience de ses nouvelles responsabilités, fermant les yeux pour mieux inspirer, il sent une main se lover au creux de la sienne. Lucius ouvre les yeux. A sa droite, siège sa tendre épouse.

Narcissa. Désormais, il est à la tête de la famille. Et il n’est pas seul.