Au rapport, Monsieur !

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Au rapport, Monsieur !
3 Août 1979 ; Bureau des Aurors, Ministère de la Magie, Londres, Angleterre ☾ don't put your wand there, boy! what if it ignited? better wizards than you have lost buttocks, you know.
James s'était réveillé avec l'envie furieuse de rester sous les draps. Alors qu'avait sonné le réveil - un objet qui affichait l'heure et qui se mettait à vibrer et sonner comme piqué par une araignée vénéneuse - il avait voulu frapper violemment l'objet du poing et se rendormir. Mais au même moment, la main de Lily l'avait retenu, caressant sa joue et murmurant contre son oreille, encore à moitié endormie, que ce n'était ni sage, ni efficace. Il avait grogné, cherché son corps dans les méandres de la couette, désireux d'humer pour quelques minutes encore le parfum envoûtant de ses cheveux. Mais Lily était, sans surprise, la plus raisonnable des Potter. Extirpée du lit d'un mouvement souple et déjà à mi chemin vers la salle de bain, James avait roulé sur le côté, là où elle avait dormi,  et resta quelques minutes encore à apprécier la chaleur de leur lit. A regret, il avait fini par tâtonner après ses lunettes sur la table de chevet et, une fois sa vue accoutumée à y voir claire, s'était sorti hors de la chambre avec une démarche si peu élégante et traînante qu'elle n'avait plus rien à envier à un troll. C'était un fait : il n'était pas du matin ! D'ailleurs, en préparant leur petit déjeuner, il avait réussi à se brûler en mettant la théière à chauffer et passé le reste du temps à sautiller comme un lapin parce qu'il avait laissé tomber le beurrier sur son pied. « Tout ça pour passer encore une journée entière derrière un bureau à trier les courriers, au lieu d'aller sur le terrain... »

Que James fut déçu de ce début de seconde année comme apprenti auror ne faisait plus aucun doute. Il avait eu beau prendre son mal en patience, mais à voir défiler les affectations des autres apprentis à leur superviseur sans que ne vienne son tour avait creusé une boule de rancœur en lui, qui ne cessait de grossir à mesure que sa hiérarchie avait reporté l'échéance le concernant. L'averse de la veille avait été un des nombreux prétextes qu'on lui avait cité pour expliquer la cause de ce retard de désignation, et bien qu'il essayait par tout moyen de se persuader qu'aujourd'hui serait le grand jour, il avait été tant de fois éconduit dans son optimisme qu'aujourd'hui, le cœur n'y était pas. Pourtant, après avoir préparé plusieurs tartines, disposé confitures et fruits sur le plan de travail de la cuisine, et versé le thé fumant dans deux tasses, James était allé se doucher, choisir une chemise et un pantalon de costume propres ainsi qu'une cravate assortie après quoi, encore nus pieds, il avait éliminé les prémices d'une barbe naissante sur son visage d'un coup de baguette magique. Il n'avait pas touché à ses cheveux. C'était inutile, ils n'en faisaient qu'à leur tête depuis près de vingt ans. Puis, il était revenu à la cuisine et partager les derniers instants de matinée avec sa femme. Le thé noir l'aidant enfin à se sortir complètement de la torpeur de sommeil, il enfila chaussettes et chaussures, attrapa sa baguette et ses clefs qu'il enfouit dans sa blazer, avant de déposer un doux baiser sur le nez de la jeune femme. « A ce soir, mon coeur ! Passe une bonne journée. Et n’oublie pas : 10 gallions que je rentre encore sans affectation… ! »  Il riait mais il riait jaune. Traversant le salon, il prit une poignée de poudre de cheminette, la lança dans les flammes préalablement allumées d’un coup de baguette magique et, après s’être engouffré dans l’âtre, clama : « Ministère de la Magie ! »  Les flammes, devenues vertes, le consumèrent entièrement avant de reprendre leur couleur normale et s’éteindre.

Les bras le long du corps, tournoyant sur lui-même de plus en plus vite, James vit défiler devant ses yeux mi-clos les différents conduits du réseau qui reliaient les cheminées les unes aux autres, et en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, sentit la cadence se ralentir et il ouvrit complètement les yeux. A l’instar de centaines d’autres, il sortit du conduit d’arrivée qui donnait directement sur le long hall d’entrée du Ministère qui, à cette heure de pointe, grouillait de monde. Tous se pressaient en direction des différents ascenseurs magiques, et malgré l’heure jeune, les petits hiboux de communications étaient déjà nombreux à virevolter au dessus de leurs têtes. A croire que le Ministère ne fermait jamais vraiment et que même au plus noir de la nuit, certains Départements tournaient à plein régime ! Se joignant à la foule des employés, James passa devant l’imposante fontaine aux statues dorées ; à la vue de ce couple de sorciers, entourés du centaure, du gobelin et de l’elfe de maison les regardant avant adoration, son estomac se serra. Il avait toujours trouvé ces effigies d’un parfait mauvais goût, convaincu que loin de l’idée de leur être supérieurs, les sorciers avaient tout intérêt à apprendre des créatures magiques et qu’à travailler à un monde meilleur, chaque être avait son rôle à jouer - peu important qu’il ait ou non des griffes ou des doigts. Mais pouvait-on véritablement considérer que le Ministère oeuvrait à un monde meilleur ? Il en était l’employé depuis plus d’un an maintenant, mais James avait bien avant déjà émis des réserves quand aux méthodes procédurales et bureaucratiques de l’institution. Leur traitement des loups-garous lui restait particulièrement en travers de la gorge, à tel point qu’en se présentant devant l’inspection, sa mine un rien lugubre lui valu une remarque du contrôleur. « C’est rien, Donald. On est juste… Vendredi » fit-il. Le vieil agent, quoique fort sympathique, ne comprendrait certainement pas pourquoi il philosophait sur les symbolismes d’une fontaine bâtie bien avant sa naissance. Après un signe de tête, James continua son chemin vers l’un des ascenseurs aux grilles dorées et laissa la machine l’emmener jusqu’au niveau deux.

La voix irréelle annonça sa destination et avec un soupir, James passa la double porte du Bureau des Aurors. Il salua quelques têtes familières et se fraya un chemin à travers les longs couloirs jusqu’à arriver à la division des apprentis et l’open-space qui voyait s'aligner quantités de petits bureaux où il avait élu résidence. Jetant un coup d’oeil à celui qui lui faisait face, il constata que Sirius n’était pas encore là. Se délestant de sa veste qu’il jeta négligemment sur le porte manteau à proximité, James scanna son espace de travail du regard et, voyant qu’aucun courrier ne l’attendait, décida d’aller se servir sa deuxième tasse de thé de la journée. Sur son passage, il salua d’autres têtes familières, cherchant à demi distrait de distinguer parmi elles celle de son Directeur de division. En charge de surveiller les apprentis, c’était également lui qui, sur ordre de la “Cheffe”, devait lui annoncer son affectation. Son absence renforça sa conviction comme quoi il passerait encore une journée à faire tout, sauf le travail d’un auror. Serrant les dents, James acheva de préparer sa tasse et reprit le chemin vers son bureau. Il se laissa tomber sur sa chaise et attrapa une Gazette du Sorcier qu’un hibou transportait au vol. Prenant une gorgée, il se mit à parcourir le quotidien d’informations. Naturellement, le sujet à la une restait encore et toujours le décret de Bartemius Croupton et le renforcement de la surveillance des lieux magiques les plus fréquentés par les Aurors. James grogna. Le décret risquait de souffrir de sérieux problèmes de logistique quant à sa mise en oeuvre, si le Bureau continuait de faire en sorte de retarder les affectations de ses apprentis ! Sa rancoeur se fit plus dure. C’était typique du Ministère : respecter les procédures avant d’agir, voir, les rallonger pour s’éviter d’agir !

« Ah, Potter, vous êtes là ! C’est parfait, je vous cherchais ! » Mais James ne réagit pas. Il était en plein dans sa lecture, portant de temps à autre sa tasse à ses lèvres, les sourcils froncés sur ses lunettes. Pourtant, c’était bien son Directeur de division qui se tenait devant lui, en compagnie d’un jeune homme de vingt-cinq ou vingt-six ans. Le Directeur n’était pas un homme de patience, et à voir son freluquet d’apprenti l’ignorer royalement, ce fut comme si sa moustache frisait davantage encore sous l’effet de son agacement grandissant. « Potter, je ne vous dérange pas trop ? Sinon, quand vous aurez terminé votre earl grey, peut-être que vous daignerez enfin lever les yeux de ce fichu journal ? Je tenais à vous présenter personnellement votre superviseur ! » Du fond de sa lecture, James avait attrapé les deux derniers mots, éructant un petit rire. « Laissez-moi deviner : ce ne sera encore pas pour aujourd’hui ? Ne vous en faites pas pour moi, au point où j’en suis... » « Non mais dites donc, Potter, vous vous prenez pour qui ? Un peu de tenue, mon garçon, vous vous oubliez ! Potter ? Potter! Apprenti !?! GARDE A VOUS ! » Il avait hurlé son ordre à s’en faire éclater les poumons, et à faire sursauter le jeune homme qui manqua de tomber de sa chaise en réalisant enfin qui était l’importun dont il croyait connaître le discours à l’avance. Rouge jusqu’aux oreilles, la cravate de travers, James eu du mal à garder contenance face à son supérieur, l’exécution du commandement lui ayant légèrement se tordre ses chevilles. « Au… Au rapport, Monsieur ! » lâcha-t-il, le souffle quelque peu coupé.  « Ca, je peux vous garantir que je ne manquerai pas de rapporter votre comportement à la hiérarchie, Potter ! Je n’ai jamais vu ça en trente-cinq ans de carrière ! Et vous, Prewett ? » ajouta-t-il à l’attention du jeune homme qui l’accompagnait, et dont James remarquait seulement maintenant la présence. C’était donc lui son superviseur ?


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Un nouvel apprenti
Il n'était pas rare pour les Aurors d'être convoqués dans le bureau de la Cheffe mais contrairement à bon nombre de métier, cela n'était pas source d'anxiété en vue de remontrance salée. Il s'agissait davantage de récupérer un nouvel ordre de mission ou faire le point sur l'avancement d'une enquête.  Fabian en avait plusieurs en cours, si bien qu'il hocha de la tête, imperturbable, alors qu'à peine avait-il posé le pied dans le bureau des Aurors en ce vendredi matin, qu'un collègue l'interpellait pour lui annoncer qu'il était attendu par la Cheffe dès que possible, à comprendre, immédiatement. Sans prendre la peine de passer par son bureau, le rouquin se dirigea à grande enjambée vers le bureau de la Cheffe et après quelques coups brefs, entra comme on le lui invitait. L'interview vue de courte durée, comme à son habitude, elle était débordée et allait donc droit au but. Un trait de caractère que Fabian appréciait forcément chez la femme qu'il estimait grandement. Il hocha de la tête à nouveau, alors qu'elle lui annonçait sans transition qu'ils avaient décidés qu'il aurait un nouvel étudiant à former ces deux prochaines années. Elle n'avait pas le temps de faire les présentations elle-même, ayant une réunion avec d'autres départements du Ministère dans la journée, si bien qu'elle renvoya presque immédiatement Fabian trouver le Responsable de la formation des apprentis.

Un apprenti. Il ne s'y attendait pas. La nouvelle, étrangement, ne lui faisait pas plaisir, mais faisait naître un étrange sentiment en lui qu'il n'arrivait pas à nommer. Pourtant, il se souvenait de sa joie et fierté, il y avait trois ans de cela, alors qu'on lui présentait Dorcas, sa première apprentie. L'Auror était d'autant plus fier que d'étudiante brillante elle était devenue femme et Auror accomplie, un des éléments les plus prometteurs du bureau. Fabian se demandait qui serait son étudiant cette fois-ci. Il fit un rapide détour par son bureau, soupirant doucement en balayant des yeux le petit box qu'il partageait avec Dorcas qui n'était pas encore arrivée. Bientôt il serait trois. Oui, vraiment, c'était étrange. Il classa quelques dossiers déposés sur son bureau pendant la nuit, parcourant les notes qui les accompagnaient. Un sourire tendre étira ses lèvres alors qu'il reconnaissait une attention de son frère et un paquet de Patacitrouille qui accompagnait le mot. Ils n'avaient pas eu l'occasion de se croiser depuis déjà quarante-huit heure, enchaînant les gardes et missions.

Sa routine matinale terminée, il tourna les talons pour aller chercher son apprenti. « On savait pas trop à qui le coller, » commença presque désolé le responsable en charge des nouveaux. Ça commençait fort, pensa Fabian qui malgré son appréhension suite à ces mots, n'en laissait rien paraître, alors qu'il poursuivait, se levant de son bureau pour l'accompagner jusqu'au box dédié aux apprentis. « Il a parfois du mal avec la discipline alors, un conseil, ne lui laisse pas trop de marge de manœuvre. Mais c'est un bon gars, dans le fond ... Et il est doué. » Le ton était presque amer, de devoir, malgré son tempérament, admettre que l'étudiant en question était un excellent élément qu'ils ne pouvaient se permettre de tout simplement congédier à cause de son comportement fougueux.

Les deux hommes ne mirent pas longtemps à trouver l'étudiant, plongé dans une lecture. Si son collègue n'était pas réputé pour sa patiente, Fabian s'étonna tout de même qu'il utilise ce ton d'emblée pour rappeler à l'ordre le prénommé Potter. Mais la réponse à sa question muette ne tarda pas à venir alors que ledit Potter répondait d'un ton ironique à souhait. Impassible, Fabian fixait de ses yeux dorés son apprenti, le jaugeant d'un regard indéchiffrable qui aurait mis mal à l'aise plus d'une personne. L'aplomb du jeune homme ne semblait pourtant pas ébranlée d'une noise. Au prix d'un effort intense, Fabian s'empêcha de sursauter comme James alors que d'un coup, le responsable se mettait à hurler sur le gamin qui se fichait royalement de lui.

Fabian élucida la question du responsable rapidement en répondant calmement, comme à son habitude, un sourire énigmatique sur les lèvres : « tu sais ce qu'on dit, y a des choses qu'on apprend que sur le terrain. C'est pour cette raison d'ailleurs qu'on apprend tous aux côtés d'un Auror plus expérimenté. » Et Fabian croyait dur comme fer en cette méthode, qu'il trouvait des plus efficaces. Si la première année d'apprentissage fondamentales étaient intenses car riche en nouveaux sorts et techniques apprendre, ce n'était que sur le terrain que les élèves s'accomplissaient. Posant une main sur l'épaule de son collègue en signe d'apaisement, il termina dans un sourire, l'invitant à se retirer : « je ne te dérange pas plus, merci à toi. » Tournant les talons, le responsable s'éloigna rapidement, cachant mal sa joie d'être libéré du jeune garçon. Compatissant à l'idée qu'une nouvelle génération allait bientôt arriver dont il aurait à nouveau la charge et qui contiendrait peut-être de pires éléments encore, Fabian se espérera pendant quelques secondes que celle-ci soit plus clémente avec le formateur-en-chef.

Il se tourna alors vers son étudiant, le regardant de haut en bas à nouveau pour analyser son maintien. Il avait l'air plutôt bien ancré dans le sol. L'air bravache, sûr de lui. C'était un bon début. Le silence ne s'éternisa pas, Fabian le brisa pour entrer dans le vif du sujet, bien décidé à tester son apprenti plus tard. Sa voix était posée, maîtrisée, ni trop forte, ni timide. S'il n'avait pas la fougue des Gryffondor, imposteur dans cette maison de part son âme de Poufsouffle, il n'en restait pas moins un élément redoutable du bureau. « Auror Prewett. Regardes moi bien attentivement. Déjà parce que c'est comme ça que tu vas apprendre, c'est tout le concept de ces mises en binôme. Mais surtout parce qu'on est deux les même dans ces murs. Moi c'est Fabian, mon frère jumeau c'est Gideon. Ne te trompe pas, ça ferait tâche. Un Auror se doit d'être un fin observateur. » Sans même prendre la peine à son étudiant de réagir, il sortit sa baguette et invita son étudiant à le suivre : « prends ta chaise. »

D'un sortilège informulé, le rouquin enchanta le bureau du garçon et le fit planer doucement devant lui. Sans prononcer d'autres mots, il se mit en route, traversant habilement le bureau des Aurors en évitant les obstacles jusqu'à son propre box. Là il reposa son bureau en face du sien, pour le garder à l'oeil le temps de sa formation. Désignant du bout des doigts le bureau sur leur droite, Fabian commença les explications. « Ça c'est le bureau de Dorcas, ma première et seule étudiante jusqu'à toi. Une apprentie vraiment très douée qui est devenue Auror brillante et extrêmement prometteuse à présent. Elle m'a habituée à l'excellence, la barre va être haute pour espérer la dépasser. J'espère que tu aimes les défis ! » Fabian pensait mot pour mot l'éloge qu'il venait de dresser de sa partenaire, bien qu'il n'en avait jamais notifié en ces termes la principale concernée et faisait ce petit speech davantage pour impressionner le garçon que de la placer sur un piédestal. « Ça, c'est mon bureau, » continuait l'Auror en désignant son bureau qui se trouvait à gauche de celui de Dorcas, laissant un passage entre les deux. Bien qu'encombré par de nombreux dossiers, il faisait preuve d'une organisation méthodique sans faille. Tout était ordre contrairement au bureau de droite où le désordre régnait en maître.

« J'ai horreur du bazard, alors le foutoir tu le gardes sur ta partie de ce box, sauf si tu tiens à passer tes journées et nuits dans les archives à classifier les dossiers pour apprendre les bienfaits de l'organisation. » Si la menace était ponctuée d'un petit sourire taquin, Fabian était des plus sérieux et n'hésiterait pas à l'y envoyer jusqu'à ce qu'il apprenne à respecter son organisation. Il tourna les talons, se dirigeant tranquillement vers son bureau pour s'assoir sur sa chaise. « Un thé, une patacitrouille ? » proposa Fabian en sortant du tiroir le nécessaire pour prendre son petit-déjeuner. « Tu as peut-être des questions ? Moi j'en ai une, ton prénom du coup ? Tu peux m'appeler Fabian, à mes yeux le respect ne réside pas dans l'emploi d'un nom de famille mais par le ton employé quand tu t'adresses à moi. » La seconde chose que Fabian avait en horreur c'était bien l'irrespect, qu'il soit envers un aîné, la hiérarchie ou un citoyen lambda. Et comme cela ne passait vraiment pas pour le garçon, autant le notifier à son apprenti dès le début. User de l'ironie et lui lancer des taquineries étaient réservés à ses proches. Et comme pour la confiance, ce statut se méritait et se travaillait.

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3 Août 1979 ; Bureau des Aurors, Ministère de la Magie, Londres, Angleterre ☾ don't put your wand there, boy! what if it ignited? better wizards than you have lost buttocks, you know.
« Apprenti James Potter à vos ordres, Auror Prewett ! » Il avait récité la formule en exécutant un impeccable garde-à-vous, une lueur immense brillant dans ses yeux. Malgré ses joues toujours rouges de confusion, et la mine du Directeur qui faisait gronder en lui un chapelet de grossièretés qui ne franchirent pas ses lèvres pour autant, James était aux anges. Enfin ! Son buste s'était gonflé d’orgueil, et il savourait sans cacher une once de son plaisir de pouvoir faire honneur aux usages dont jusqu'alors, il ne connaissait que la théorie. Qu'il soit dans le collimateur de son supérieur hiérarchique lui faisait une belle jambe, tout dans la continuité de ses années à Poudlard. Il ne l'avait jamais encadré, et maintenant qu'il était officiellement affecté, il ne se souciait guère de ce que la fameuse menace de tout aller répéter à la hiérarchie pouvait lui donner comme ennuis. De toute façon, les ennuis, il adorait ça ! Il lui offrit même un salut militaire en règle, qui ne lui récolta qu'un grognement sourd et l'instant d'après, la silhouette flasque et dodelinante du Directeur reprenait le chemin inverse de là où il était arrivé, le laissant exulter intérieurement. Bon rapport, Gros Cul ! 

Remontant ses lunettes sur son nez, James pu alors tout à loisir détailler celui avec lequel, désormais, il passerait le plus claire de son temps. La première chose qui le frappa, c'était la jeunesse de son superviseur. Il lui donnait vingt-cinq ou vingt-six ans, pas plus, ce qui le ravit autant qu'il lui donna sujet à réfléchir. D'un côté, il savait qu'il n'avait pas la patience de supporter les phrases de grand sage mais d'un autre, il aurait aimé apprendre les secrets d'un vieux loup. D'autant qu'il y avait autre chose qui le surprit : Fabian Prewett était beau. De ces beautés classiques, à profil grec et aux traits lisses, qui lui donnaient l'aspect de sortir tout droit d'un roman de chevalerie. Grand, svelte et visiblement musclé sans pour autant doubler de volume, il avait la même élégance naturelle de Sirius. Le roux de ses cheveux faisait honneur à son teint blanc, de même qu'au sourire qui semblait constamment étirer ses lèvres sans pour autant lui donner un air trop enjoué ou niais. Indéniablement, son superviseur avait de l'allure, et dégageait quelque chose qui intimait d'emblée le respect. Un sentiment qu'il avait eu plus d'une fois du mal gérer. Pourtant, alors qu'il entrait sans plus tarder dans le vif du sujet, James se sentit tout de suite emprunt d'une forme de déférence à son égard.

Il aurait pu lui rétorquer qu'il s'était déjà employé à son conseil avant même qu'il ne le formule, mais l'information qui tomba dans la foulée manqua de lui arracher un hoquet de surprise. Bordel de strangulot borgne, un jumeau ! C'était bien sa veine ça, non content d'avoir poireauté comme une baguette abandonnée avant qu'on ne l'assigne enfin à quelqu'un, on lui avait donné pour test d'entrée de jeu le seul auror confirmé qu'il risquait de voir double. Si sa mémoire était bonne, il priait pour que les deux frères ne soient pas identiques au point de pouvoir être interchangeable, sans pour autant y croire complètement. C'était une trop belle opportunité pour le Bureau que d'avoir un duo d'un tel calibre pour des missions d'infiltration ou des séances d'interrogatoire. Ravalant son envie de maudire le sort pour n'afficher qu'un sourire de circonstances, James acquiesça. « Retenir toujours qui est qui. C'est noté. J'imagine que ça ne vaut pas seulement pour les cas de gémellité, mais de façon générale ? » ajouta-t-il, son irrémédiable humour refaisant surface mais déjà, Prewett passait au chapitre suivant. D'accord, donc il est plutôt du genre "apprends vite ou crève." Et si, contre toute attente, Fabian Prewett était passé du côté des vieux loups avant l'âge ?

Il n'eut pas l'occasion de se poser d'avantage la question car déjà, Prewett fit léviter son bureau et lui ordonna de faire de même avec sa chaise. Sa baguette, toujours soigneusement glissée dans sa manche pour toujours l'avoir à portée de main, virevolta d'un coup sec dans l'air et l'instant d'après, superviseur et apprentis arpentaient les couloirs du Bureau. Ce ne fut que lorsqu'il comprit qu'il serait désormais également rattaché physiquement au jeune homme, le privant ainsi de son box avec Sirius, que James eut toutes les peines du monde à ne pas lui voler dans les plumes. C'était pire que de se retrouver en colle chez Russard et alors, il avait toujours eu son meilleur ami à ses côtés. J'ai plus treize ans, et il a pas l'âge d'être mon père ! Imperturbable, Prewett lui indiqua le bureau qui jouxtait le sien, face auquel il installa celui de James. A l'annonce de la personne qui l'occupait, il leva un sourcil. « Dorcas... Vous voulez dire Dorcas Meadowes ? Je la connais, c'est une ancienne coéquipière de Quidditch ! C'est vrai qu'elle est chouette, elle a de sacrés réflexes en plus ! Et elle est hyper souple, j'avais jamais vu ça ! » La perspective de retrouver la jeune femme avait éclairé son visage d'un large sourire. Il avait toujours régné une camaraderie quasi fraternelle entre les joueurs de la sélection de Gryffondor et malgré les trois années qui les séparaient, il l'avait toujours considérée comme la grande sœur qu'il n'avait pas eue. A se remémorer du surnom douteux mais affectueux qu'il lui avait donné, la perspective de déménager de bureau lui parut soudain moins difficile.  

Fidèle à la manière dont il avait commencé, Fabian avait entreprit un laïus sur l'ordre et l'organisation qui aurait pu le perturber si sur le chapitre, ils ne se ressemblaient pas autant. En effet, malgré les apparences, il avait toujours été minutieux et ses cheveux étaient les seuls à résister à son côté maniaque. Il acquiesça, sans qu'il n'ait besoin de se défendre. Les actes parleraient d'eux-même aussi, Dorcas serait seule contre une conspiration ordonnée. En jetant un œil à son bureau, James secoua la tête en riant. Elle a pas changé... Ha ! Si on m'avait dit que je bosserai avec Bouche-Trou ! Se promettant de l'inviter à boire un verre un de ces soirs pour se raconter leurs vies et rattraper le temps, James remerciant Fabian par la négative. « Merci, je crois que j'ai vu assez de thé pour la journée... ! » s'esclaffa-t-il un peu gêné, passant sa main dans ses cheveux. Dire que sa première impression de lui avait été celle d'un nonchalant sirotant devant son journal ! Toutes ces semaines d'attente, à être tiré à quatre épingles et prêt à prendre le terrain d'assaut, pour finir... Il préférait ne pas y penser, se contentant de lui répondre. « Je m'appelle James. Je vous remercie, Fabian. Et je vous le jure : je ne vous décevrait pas ! » Il avait prononcé les derniers mots avec une détermination telle que ses yeux noisette brillaient d'une lueur féroce derrière les deux carrés de verre. Oui, il était impulsif, et oui, il était fier. Oui, il était téméraire mais cela n'enlevait rien ni à son courage, ni à ses ses idéaux de tolérance et de vivre ensemble. Deux motivations qui l'avaient poussé à franchir les portes du Bureau pour mettre sa baguette au service de la traque sans relâche de ceux qui s'étaient donnés aux forces du mal, et du fait, qu'il détestait de tous les fibres de son corps et de son âme.

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Un nouvel apprenti
En d'autres circonstances un sourire aurait très certainement étiré les lèvres de Fabian alors que son nouvel apprenti prenait une posture comique. Mais il n'avait ni le temps de jouer, ni le temps de rire. Mortellement sérieux, il continua à le dévisager attendant patiemment que le responsable de la formation s'éloigne. Une fois en tête-à-tête, Fabian, peu bavard comme à son habitude, lui lâcha quelques quelques phrases et surtout, une mise en garde qui sonnait presque comme un défi, alors qu'il appuyait sur le fait qu'un Auror digne de ce nom ne se tromperait pas entre les deux jumeaux. James acquiesça rapidement, osant une petite note d'humour. Si Fabian sortait déjà sa baguette et détournait ses yeux bleus du garçon pour enchanter le bureau, il lui répondit d'un ton nonchalant. « Ça ne dépend que de toi. Si tu veux devenir un Auror qui sait, y compris à qui il s'adresse ou rester un imbécile de première année. » Sur ces mots, il termina l'échange et quitta le petit espace dédié aux apprentis sans se retourner.

Alors qu'il franchissait les quelques mètres qui les séparaient de son bureau, Fabian se surprit à commencer à douter de lui, le ramenant trois ans en arrière alors qu'il faisait une place dans son petit box pour Dorcas. S'il était fier de ce qu'était devenu la jeune femme, il n'avait pas vraiment eu le temps d'analyser sa propre expérience en tant que formateur afin de s'améliorer avec le suivant. Il se reprit néanmoins très vite, bien décidé à ne pas laisser devenir son trouble au nouveau arrivant. Le bureau était encore vide et comme le lui apprenait la chaise vide de veste ou de cape, Dorcas n'était pas encore arrivée. Parfait. Cela lui laissait le temps de faire plus ample connaissance.

Il installa le bureau en face du sien et reprit la parole. Fabian hocha de la tête alors que James prenait à son tour la parole, confirmant par là qu'il s'agissait bien de la même jeune femme notant mentalement les informations que lui donnait James. S'il ignorait que la jeune femme avait joué au Quidditch pendant sa scolarité, cela ne le perturba pas outre mesure. Ils avaient eu beau arpenter pendant trois années la même maison, Fabian n'avait jamais remarqué la jeune femme avant qu'elle ne franchisse le bureau des Aurors. Il fit taire aussi la petite voix qui commençait à se réveiller, alors que James ajoutait qu'elle était particulièrement souple. Non vraiment, il n'avait pas envie d'en savoir davantage. Que ce soit dans leur relation passée ou ce qu'ils ont fait ensemble, cela ne changeait en rien le binôme efficace qu'ils formaient à présent et quoi qu'il espérait, leur relation restait purement professionnelle.  

Alors qu'il regagnait son bureau, Fabian reprit la parole, d'un ton nettement moins enjoué que celui employé par le jeune homme. Avant toute chose, il était primordial pour sa santé mentale de mettre les choses au clair avec lui quant à l'ordre qui devait régner en ces lieux. Sa réaction contenta Fabian alors qu'il hochait de la tête pour lui signaler que c'était entendu qui passa alors à autre chose, nettement moins formel. Il lui lança un sourire en coin, comprenant pourquoi le garçon refusait sa proposition, se souvenant qu'il était en train de boire devant le journal quand il était venu le chercher et le laissa poursuivre, s'occupant de son thé. En deux sortilèges informulés, Fabian rempli sa tasse d'eau et la porta à ébullition. Il plaçait son petit sachet pour qu'il infuse, quand James terminait. Posant ses yeux bleus sur le garçon, il essaya de le sonder. S'il ne doutait pas de sa sincérité, les mots employés étaient forts.

Fabian commença par hocher de la tête, acceptant la promesse du garçon, touché par sa volonté de bien faire et surtout de lui faire honneur. Mais il avait beaucoup à apprendre et se laissant quelques secondes de réflexion, Fabian attrapa la friandise qu'il avait sortit de son tiroir et entreprit d'arracher son emballage avant de répondre calmement. « J'apprécie ton engagement. C'est téméraire de ta part et un peu stupide de prodiguer une telle promesse sans savoir réellement ce que j'attends de toi. Je ne devrais pas le formuler ainsi, surtout au début de ta formation, alors qu'il te faut apprendre le respect des ordres, en particulier des miens et me faire confiance... mais peut-être qu'un jour, qui sait, me désobéir et me décevoir sera la conduite à adopter pour être un bon Auror. Et ce jour-là ? Tes mots seront brisés. Et qu'est-ce qui prouvera ensuite que tes autres promesses n'auront pas la même triste finalité ? Tout comme on ne peut pas promettre aux gens qu'on aime qu'on sera toujours là et qu'on ne prendra pas de risque au péril de notre propre vie. »

Fabian croqua un petit bout de sa patacitrouille, laissant quelques secondes à James pour assimiler ce qu'il venait de dire avant de reprendre la parole, un sourire plus avenant accroché aux lèvres pour chasser les propos peu joyeux. « Cela dit, tu as de la chance, la promesse semble réalisable. Je n'attends rien de plus que le bureau des Aurors n'attend de toi : que tu protèges nos concitoyens en traquant les mages noirs. Que tu fasses ton job quoi. » Il avala un nouveau bout de gâteau avant de continuer. « Bien, cela étant dit, passons aux choses sérieuses, tu dois en brûler d'envie ! Le matin, ou la nuit, car tu seras de garde en même temps que moi, ça commence ainsi : je me pose au bureau, j'analyse les notes qui ont été déposés pendant mon absence, tout en prenant un thé et un biscuit. Comme ça n'arrête jamais ici, parfois on a beaucoup à rattraper, d'autre non. Ça peut être des nouvelles enquêtes, des éléments qui se sont ajoutés. Dans tous les cas, ça sera beaucoup trop. Y'a vraiment trop de travail, alors il faut prioriser. On se servira de ces débuts de journées pour debriefer. Sur ce que tu as fait la vieille et va faire dans la journée. Même si je suis sur le terrain et que je le sais la vieille, par exemple, une interview avec un témoin, je passe quand même au bureau, en avance s'il le faut, pour faire un point rapide sur la situation. On sait jamais si des informations capitales seraient arrivées. Du coup, c'est ce que je vais faire maintenant, j'vais survoler tout ça, » poursuivait l'Auror en désignant les petites notes qui s'empilaient sur son bureau. « pendant ce temps, tu peux terminer la lecture de ton journal ou alors commencer à réfléchir à la liste les sorts que tu connais et maitrises. Pas la peine d'écrire lumos etc. seuls les sorts avancés m'intéressent, du genre, patronus, sortilège informulé, sans baguette et quels sont tes atouts... Pas la peine d'inventer des talents que tu n'as pas hein, de toute façon, on ira dans la salle d'entrainement juste après que je constate ça de mes propres yeux. »

Le silence s'installa dans le petit box, simplement rompu par le bruit des parchemins et de la plume alors que Fabian prenait des notes. Une fois sa routine terminée, il interpella James tout en se levant de sa chaise. « Prêt ? On y va ? Et tu me dis tout ce à quoi tu as pensé sur le chemin ? »


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