“I want your loving and I want your revenge” ▬ le seigneur des ténèbres

Le cœur battant à mille à l’heure, Bellatrix apparaît à l’orée du manoir des Lestrange accompagnée de son butin. Dans ses veines coulent encore le feu de cette bataille. Divine sensation dont elle se repaît. « Levicorpus » lance-t-elle au corps évanoui de sa victime. Quel dommage que cette pauvre poupée de porcelaine ait rendu les armes aussi rapidement… elle aurait tellement aimé entendre ses cris de douleur encore quelques instants. Néanmoins, qu’aurait-elle pu attendre d’autre d’une fille qui a été élevée sous cloche ? Cette fille n’avait même pas cherché à se défendre… Qu’importe. Bellatrix a réussi sa mission et c’est tout ce qui l’importe. Le maître sera content d’elle, elle en est certaine. Elle a accompli ce pour quoi il l’a envoyé. Quand elle repense à cet imbécile de Caïus et ses conseils à deux noises… Un rictus vient ourler ses lèvres carminées. Pitoyable ! Qu’est-ce que le Lord a bien pu voir en cet idiot ? La belle ténébreuse se le demande. Il n’est rien de plus qu’un bouffon à peine bon à divertir.

A l’abri des regards, remontant l’allée menant à la porte d’entrée du manoir marital, Bellatrix se défait de sa tenue de mangemort pour révéler sa véritable tenue. Sa robe aussi noire que l’ébène moule sa silhouette à la perfection, ne laissant aucunement place à l’imagination quant à ses courbes. Sa poitrine ferme et généreuse est parfaitement mise en avant, suffisamment pour attirer le regard, mais pas assez pour tomber dans l’indécence. Ses longs cheveux bruns corbeau ondulent le long de son dos. Elle a simplement relevé les mèches de devant afin d’éviter qu’ils ne viennent la gêner pendant le combat. Beauté sombre et froide, suivie par le corps lévitant sans conscience de sa proie, elle atteint la porte d’entrée et pénètre à l’intérieur. C’est chez elle, ici. Et pourtant, depuis que le Seigneur des Ténèbres a pris ses quartiers dans le Manoir des Lestrange, elle affirme bien volontiers être chez lui. Jamais elle ne ferait quoi que ce soit pour le mettre en colère. Elle est sans aucun doute sa plus fidèle partisantes. Elle est son basilic, à défaut d’être la favorite, la seule femme à pourvoir se vanter de posséder sa marque.

Démarche droite, allure fière, Bellatrix vient se présenter face au maître qui l’attend. A peine eut-elle franchi le pas de la salle de réception qu’elle a le souffle coupé. Il est si grand, si charismatique, si magnétique, que ses iris d’émeraude se retrouvent aussitôt happé par celles de son Lord. Elle sent son regard sur elle, et si Cygnus peut se vanter d’une chose, c’est qu’il lui a correctement appris à ne rien laisser paraître. Les émois que le Seigneur des Ténèbres font naître en elle sont particulièrement inédits. Et pourtant, elle se surprend à souhaiter de continuer à les ressentir. Il incarne absolument tout ce que Bella voit chez un homme : la puissance. Rodolphus est très loin de ça. Jamais il ne dégagerait ne serait-ce que le quart de ce que le maître dégage juste avec sa présence. Et pourtant, avec son époux, elle est plongée dans un cercle vicieux et sans fin de dépendance dont elle aimerait se détacher définitivement. Il n’est rien, si ce n’est l’assurance de sa place dans le monde. Quoi qu’avec la marque tatouée sur son avant-bras gauche, elle s’assure aussi une sécurité… mais jusqu’à quel point le Seigneur des Ténèbres la protégerait ? Ceci reste encore à définir.

La distance la séparant du Lord s’amenuise à chaque pas qu’elle fait. Puis, lorsqu’elle se trouve à une distance respectueuse de celui-ci, elle se laisse tomber à genoux, dans une révérence néanmoins gracieuse, appréciant les quelques instants de répit tandis que son regard se pose sur le sol, n’ayant pas l’effronterie de lever la tête vers lui tant qu’il ne le lui aura pas permis de le faire.

— Maître, commence-t-elle gracieusement, le corps de la jeune fille lévitant toujours au-dessus d’elle. Je vous rapporte ce que vous m’avez ordonné de capturer. Ma mission a été un vif succès.

Elle sait qu’il a ordonné à certains des mangemorts de la protéger pour qu’elle puisse mener à bien sa mission sans encombre. Elle n’a pas été blessé, contrairement à Rodolphus qui a pris un sortilège pour elle. Cet idiot de Rodolphus… Bien que trouillard, il ferait absolument n’importe quoi pour elle. Il se serait pris un « Avada Kedavra », s’il le fallait. Elle en était certaine. Pour elle, il ferait tout. Pour lui, elle ne ferait jamais rien. D’ailleurs, elle n’a même pas cherché à contre attaquer cet auror qui l’a attaqué, se contentant de partir tant qu’il en était encore temps avec sa victime. Si le Seigneur des Ténèbres ne lui avait pas fait cette demande si particulière, peut-être aurait-elle profité de la bataille encore quelques instants. Mais Bellatrix se refuse à échouer.

Révérencieuse et respectueuse. Voilà la façon dont Bella se présente face à son Lord. Hors de question de le décevoir ou de se comporter familièrement avec le maître. Il s’agit d’un invité de marque qu’elle a réussi à faire entrer dans le manoir familial Lestrange. Cela n’a pas été bien difficile, Rodolphus ferait n’importe quoi pour la satisfaire. Quelques longues et belles paroles susurrées dans le creux de son oreille, et aussitôt voilà son vœu exaucé : le Seigneur des Ténèbres posant ses bagages chez elle, et le loisir de pouvoir poser ses cérulées sur lui dès que l’occasion se présente. Mais aujourd’hui, c’est différent : elle a réussi avec brio la mission qu’il lui a confié. Elle a réussi à enlever la fille du Ministre de la Magie. Le corps lévitant derrière elle en est la preuve.

Le mot qu’il prononce à son annonce lui arrache un frisson qui parcourt son échine. La belle ténébreuse n’en tente pas moins d’en rester de marbre, gardant ses iris rivées vers le sol. Un léger sourire vient ensuite ourler ses lèvres carminées. Bien sûr qu’il pouvait compter sur elle. Elle mourrait pour lui, sans la moindre hésitation. Le Lord peut lui demander absolument n’importe quoi, elle s’exécuterait sans poster de question, et ferait tout pour réussir. Jamais elle n’accepterait le moindre échec. C’est impossible. Pas pour lui. Et elle lui a suffisamment prouvée sa valeur. D’ailleurs, n’est-ce pas pour cette raison qu’il a faite d’elle son basilic ? son experte en torture ? Personne ne résiste à ses sortilèges de Doloris. Elle en a conduit plus d’un à la folie.

Ce n’est que lorsqu’il l’autorise à se relever qu’elle se redresse. Comme toujours, elle se tient bien droite. Noble jusque dans les moindres détails, exactement comme son nom de naissance. Son nom marital n’est qu’un sauf-conduit dans ce monde de pureté. Elle suit cependant son maître du regard jusqu’à ce qu’il la contourne et disparaisse de son champ de vision. Elle sent le corps de la jeune femme dévier légèrement derrière elle, signe que le Seigneur des Ténèbres a récupéré le contrôle de la poupée. Le visage de Bella se tourne légèrement en direction du Maître alors que le corps de la fille du Ministre atterri au sol dans un léger bruit mat.

— Oui, maître, répond-t-elle. Il est inutile de mentir à Lord Voldemort, il réussi toujours à découvrir la vérité. Et même si cette fille insignifiante aurait pu s’évanouir sous le choc, jamais elle ne serait restée inconsciente aussi longtemps s’il n’y avait pas eu l’aide d’un sortilège impardonnable. Mais c’est une petite chose bien fragile qui n’a pas beaucoup de résistance… L’amusement n’a été qu’éphémère… elle ne gardera aucune séquelle, maître, je puis vous l’assurer.

Lorsqu’elle a su qui elle devait enlever, Bellatrix n’a pas eu besoin qu’on lui explique qu’il ne fallait pas trop l’abimer. C’est une monnaie d’échange, un moyen de pression considérable dans les plans du Lord.