Histoire de famille [Alecto]

Histoire de famille

Alecti et Athanaël

J'avais décidé de m'octroyer cette journée, histoire de souffler un peu après les événements de ces derniers jours. Beaucoup de choses s'étaient produites et certaines me perturbaient, d'autres me troublaient et certaines me laissait complètement de marbre face aux deux premiers cas de figure. L'attaque sur le Chemin de Traverse avait été d'une violence inouïe, bien plus que tout ce que j'aurais pu moi-même imaginé et les blessés avaient très vite afflués. Nous n'avions pas pu sauver tout le monde, certains aurors par exemple, mais aussi et surtout des civils. Des gens qui n'avaient rien demandé à personne. Et l'idée même qu'Eulalia aurait pu y rester ne me plaisait absolument pas. Certes, ce n'était pas vraiment suffisant pour que je quitte les mangemorts, si tant est que ce soit possible et de rester vivant, mais cela remettait pas mal de choses en question. Notamment après sa fausse-couche, liée à ce qui s'était passé sur le Chemin de Traverse d'après ce que j'avais pu comprendre. C'est arrivé si vite que nous n'étions même pas au courant. Parce que bon, je n'étais pas idiot, j'avais bien vu au cours des jours suivants que l'attitude de certaines personnes avait changé suite à ce baiser qu'elle m'avait donné dans le hall de l'hôpital et l'annonce de la nouvelle par la suite. Etrangement, cela n'était pas encore parvenu aux oreilles de ma famille, ni même des mangemorts et si c'était le cas, cela n'a pas l'air de les inquiéter beaucoup, mais je savais qu'il ne fallait pas se fier à ce qui se passait. J'étais sur la pente raide, j'en avais bien conscience. Et si ce n'était pas auprès du Lord, c'était avec ma famille. Quittant mon manoir, je pris la direction du centre-ville. J'avais une idée bien précise de ce que je voulais faire de cette fin de matinée, mais avant, je devais passer chez le fleuriste. Eulalia était toujours à Ste-Mangouste et je l'avais prévenue que je passerais la voir en fin d'après-midi. Je ne lui avais rien dit, ne voulant pas l'accabler plus qu'elle ne l'était déjà. Cette perte avait été un rappel plus que douloureux de celle que j'avais vécu il y a quelques mois à peine. De celles dont on ne se remet jamais vraiment. Je savais qu'à cette heure, je serais tranquille, que je ne croiserais ni Emmeline, ni aucun Greengrass. Daphné étant une cracmol, elle n'avait jamais eu beaucoup de considération, que ce soit chez les Carrow ou du côté de la famille de mon ex-femme. Pourtant, elle avait eut de l'importance pour nous et à sa mort, notre mariage à littéralement volé en éclats. Chose qui se serait fatalement produite, de toute manière. Je ne sais pas ce que l'adolescente de dix-sept ans aurait pensé du chemin que j'étais en train de prendre, sans doute serait-elle surprise au même titre que je l'étais. Comme quoi, l'amour nous faisait faire vraiment des choses incroyables si on lui laissait une chance. Une fois les fleurs achetées pour Daphné, je pris la direction du cimetière de Londres, laissant mes pensées vagabonder un peu. Elle me manquait, terriblement, même si je n'avais pas été un père des plus exemplaire. Mais, j'avais vraiment tout fait pour elle, pour lui offrir la meilleure vie possible malgré son handicap. Enfin ses deux handicaps. Être cracmol et cardiaque, ce n'était pas une bonne chose pour une demoiselle de sang-pur. Personne n'aurait jamais voulu l'épouser du moins certainement pas un sang-pur. Avec le temps, je commençais à comprendre son point de vue sur notre monde, sur notre cercle et cela ressemblait de plus en plus à une cage dorée. Et j'en avais rajouté une couche avec ce tatouage sur mon bras, signe d'une allégeance prise, sans que je ne le veuille réellement. J'arrive au cimetière et comme je l'avais prévu, il n'y avait pas grand monde et personne devant la tombe de ma fille. Parfait. Je remarque tout de suite les fleurs fraîches et je sais que cela ne peut-être qu'Emmeline. Depuis qu'elle était sortie de mon service après le choc que lui avait causé la mort de notre fille, je me suis bien douté qu'elle devait venir ici tous les jours, du moins plus souvent que moi. Non pas que je l'ai oublié, bien au contraire, j'en suis incapable, mais je n'avais pas pu me laisser aller comme elle l'avait fait. Cela ne voulait pas dire que je ne l'avais pas pleuré. Je suis un Carrow, mais je n'en restais pas moins un père. Cela n'avait pas été aussi démonstratif qu'Emmeline en revanche. Je pose les fleurs et reste silencieux. Je n'ai pas grand-chose à lui dire, étant donné qu'une partie de mon être sait parfaitement qu'elle garde un œil sur moi, même si cela peut paraître absurde. Moi qui ne jure que par la médecine, croire à ce genre de choses peut paraître fou, mais cela apporte aussi un soulagement impossible à décrire. Elle était sans doute mieux là ou elle était après tout. Elle n'avait plus à souffrir, à lire l'inquiétude sur nos visages au moindre problème. Certes, elle était partie trop tôt et pas de la manière que je l'aurais souhaité, mais la vie d'adulte n'aurait pas été drôle pour elle. Quand bien même elle portait le nom des Carrow et était d'une incroyable beauté et d'une inteligence remarquable, les autres familles la traitaient comme un être inférieurs, c'est pour cette raison que j'avais décidé de la tenir à l'écart de ce monde qui ne voulait pas d'elle, même si par moment, elle avait du mal à s'y faire. Tout ce que j'ai fait, c'était pour elle. Désormais, je n'avais plus que les souvenirs et une certaine rancœur envers ma famille. Elle n'avait pas mérité ce traitement et en y réfléchissant bien, je crois que de nous tous, elle était peut-être la plus heureuse. Heureuse de pouvoir agir comme elle le voulait en respectant certaines règles, heureuse de ne pas avoir autant de contraintes. Je soupire et eus un léger sourire aux lèvres. " Tu me manque chaton." Juste un murmure. Finalement, elle n'était pas seulement ma fille, elle avait représenté cette part d'humanité et de bienveillance que je ne montrais jamais. Aujourd'hui, c'est Eulalia qui en profitait. Et j'étais certain qu'elle aurait accepter cette relation sans broncher. Elle avait vu cela se jouer depuis très longtemps, alors même que je n'en avais pas conscience. Des bruits de pas me firent sortir de mes pensées et je me retournais vivement, surpris d'être ainsi dérangé dans un des rares moments en ce lieu que je m'accordais. Parce que venir ici était trop douloureux. J'eus un haussement de sourcils en voyant Alecto, ma nièce. " Tu es bien la dernière personne que je m'attendais à voir ici." J'avais repris ce ton froid et presque hautain que je réservais presque que pour les membres de ma famille. Après tout, elle n'avait pas énormément côtoyé Daphné, alors sa présence ici me paraissait presque déplacée.