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« Comme un homme » ft. Dorcas

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20 août 1979 – fin d’après-midi.

ALASTOR.
Il se retourne mais il a déjà amorcé son transplanage. Le son le suit, résonne dans l’espace qui se tord, qui se floute, qui lui donne la nausée. Il atterrit avec un genou à terre mais n’a que de la bile à vomir. Le souffle court, son poing frappe le mur en brique poisseux d’une ruelle londonienne dans un quartier voisin du sien.

Il pourrait y retourner.
À la place, il reste là et se concentre sur sa respiration.

Il a fui. Lui, Alastor Maugrey, a fui.
Pas devant un mage noir, non.
Devant Alecto Carrow.

D’une impulsion agacée, il se redresse. Il marche d’un pas furieux sans savoir vers où il se dirige exactement. Il n’en prend conscience qu’une fois devant la porte de l’appartement de Dorcas. Interdit, il fixe le battant puis cligne des yeux une fois, deux…
Pourquoi ici ? Dorcas… fait partie de ces rares amis qu’il compte sur les doigts d’une unique main. Aurore, membre de l’Ordre, ils ont d’abord partagé une franche camaraderie plutôt étonnante quand on le connait un peu mais depuis le drame qui a frappé sa famille, Alastor se fait un devoir de l’épauler. Il trouve cruelle la décision de l’éloigner, fait en sorte de passer la voir aussi souvent que possible, de ne pas lui cacher une miette de ce qui se passe. Depuis qu’il s’est arrangé pour quitter l’hôpital et qu’il a commencé cette relation anormale avec la Carrow, par contre… Il doit avouer qu’il n’a plus pris le temps. Ils se sont à peine croisés au bureau. Elle a vu son cache-œil, a entendu des choses à ce sujet, il suppose. Sauf qu’il a courageusement esquivé toute tentative d’aide jusqu’à ce qu’il aille lui-même trouver Lily Potter.

Il quitte une femme pour en retrouver une autre sauf que la seconde n'a rien de féminin pour lui. Elle est comme un homme. Et ça lui va.

Pourquoi ici ? Justement parce qu’ils n’ont pas ce genre de relation où on parle, où on chiale. Ils se soutiennent autrement, par le silence, par le déni, juste en étant là et en apportant à l’autre ce dont il a précisément besoin. Ses pas l’ont mené à Dorcas pour l’empêcher de penser à Alecto, à son prénom crié avec un tel désespoir qu’il aurait presque pu croire en son erreur d’interprétation. Presque.

Mais ils n’ont pas vraiment parlé depuis l’attaque et elle doit sûrement lui en vouloir. Est-ce qu’il encaissera sa rancune ? Ne frappe pas maintenant putain ! Trop tard, il toque et remarque qu’il laisse un peu de sang sur la porte. Atterré, il regarde l’estafilade sur l’articulation de son poing droit qu’il enfonce dans sa poche. Il ne lui a même pas apporté un truc sympa à manger. Quel con. Puis si ça se trouve, elle n’est pas chez elle. Il sait qu’elle se rend chaque jour auprès de Trent pour suivre ses progrès. Comme on n’ouvre pas tout de suite, il reste planté là, sans bouger, sans savoir quoi faire ni ou aller.

Et si elle venait me chercher au Ministère ?
Non, elle tient trop à sa réputation pour tenter l’esclandre.
ALASTOR !
Le voilà hanté.
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alastor maugrey x dorcas meadowes
lundi 20 août 1979


✧✧✧

Les yeux cernés, le visage émacié et les pointes fourchues et raides, la rouquine tentait de se masser l'arrière du crâne pour faire partir la migraine, se fichant pleinement de ressembler par la suite à un lion enragé. Pas comme si elle avait déjà prêté attention à son apparence. Elle s'en fichait comme de son premier balai jouet. Sauf que ces derniers mois, ça allait bien au delà. Elle ne se nourrissait plus, ou à peine. Elle ne dormait plus, du moins, pas tant qu'elle ne s'évanouissait sous les vapeurs de l'alcool ou une quelconque fatigue, accumulée des jours durant. Elle était incapable de vivre, et elle ne savait même plus comment faire à dire vrai, fuyant les rêves devenant cauchemar et ne prenant plus goût à rien. Elle voulait bosser. Bosser jusqu'à en crever. Mais même ça, on lui avait enlevé.

Elle avait besoin d'action Dorcas. De se sentir en mouvement. Utile. De croire que ses parents ne seraient pas morts en vain. Qu'elle allait coincer ces salauds et que son frère guérirait une fois ceux ci derrière les barreaux. Ou mieux, derrière le voile opaque et laiteux d'un aller sans retour. Elle voulait croire qu'ils souffriraient. Que justice serait faite. Qu'au moins ils payeraient pour leur crime dans ce monde de merde qui n'avait été capable de protéger deux innocents. Trois même. Si elle n'avait pas traîné pour rentrer... Non. Elle se refusait d'y repenser.

Alors elle jetait sa hargne dans la paperasse. Elle devenait de plus en plus insolente et acerbe, sachant pertinemment que ce n'était pas ainsi qu'elle retrouverait sa mobilité mais ne pouvant s'en empêcher. Elle haïssait ses supérieurs à défaut de pouvoir décharger sa colère sur d'autres. Même Fabian avait pris cher. Et puis elle s'était épanchée dans la boisson. Un peu trop. Mais il n'y avait que ce genre de conneries qui lui permettait d'entrer dans un coma sans fond où les yeux vitreux et les silhouettes contorsionnées au milieu des milliers de lettres déchirées ne viendraient la trouver. C'était con. Et mauvais. Mais ça marchait. Alors elle continuait.

Son salut, c'était son frère. Le rescapé. Mais dans quel état ? Mieux valait ne pas demander. Elle n'allait pas s'en plaindre, elle remerciait chaque jour elle ne savait trop qui ou quoi de lui avoir ramené. Qu'il se soit réveillé. Seulement... Rien n'était plus comme avant. Il était rongé. Dépendant. Complètement muet et sujet à des crises d'hystérie dès qu'ils abordaient le sujet. Elle avait tressailli la première fois. Elle avait hurlé pour qu'on vienne l'aider à calmer les convulsions. Et puis, quand il n'y avait plus eu un regard, une fois solitaire dans son petit appartement qu'elle ne foulait d'ordinaire qu'à la nuit tombée, elle s'était écroulée. Les larmes étaient devenues chose courante lorsque personne ne pouvait la dévisager, roulant abondamment sur ses joues maigrichonnes, maculant ses traits dévastés. Elle hurlait, roulée en boule, les oreilles bouchées alors que les images la hantaient. Se maudissant d'être en vie. Se flagellant d'être aussi incapable de pouvoir faire honneur à leur mémoire. Trent était un rayon de soleil. Transpercé par la passion et d'une bienveillance sans pareille. Désormais il n'était plus qu'un fantôme. Une ombre torturée chevillée à cette terre. Et ça la tuait. Mais elle avait besoin de lui. Égoïste.

Elle aussi hantait cette ville désormais, ne sachant trop si elle était encore humaine. Sûrement ? Difficile à dire lorsque comme présentement, elle ne ressentait plus rien. Ayant transplané dans une ruelle du petit quartier animé où elle habitait, sortant tout juste de Ste Mangouste, elle avait dans les bras de la nourriture pour un régiment que lui avait donné une connaissance. Mange qu'il lui avait dit. Mais elle n'avait pas faim. Et comme toujours, le repas terminerait sûrement à la poubelle. Elle n'aimait pas être aussi ingrate la lionne, mais... Manger seule, entourée des fantômes de son passé... N'avait que pour effet de tout lui faire régurgiter. Rien ne servait de se forcer.

Le sixième étage du bâtiment en briques franchi, totalement ailleurs, elle n'avait vu Maugrey qu'au dernier moment, sursautant presque à un mètre de lui. « Alastor !! Qu'est-ce que... T'as foutu du sang sur ma porte ? » Autre détail qu'elle remarquait désormais, pointant le battant de ses clés avant de lui refourguer la bouffe dans les bras. « Prépare toi à frotter, le proprio est un vrai con, pas envie de le voir se ramener. » Elle qui fuyait déjà les visites d'ordinaire... Elle finirait par faire quelque chose de regrettable, à coup sur. Les mains désormais libres, la clé entre dans la serrure et dévoile un petit appartement assez cosy parfaitement rangé, la belle ne s'y attardant pas vraiment. La poubelle est pleine de plats non-entamés et la carafe d'alcool trône en solitaire sur la table basse avec un grand verre, mais à part ça... Tout semble presque normal, comme si on se trouvait dans un appartement meublé témoin. « Pose ça sur la table, prends en si tu veux. » Elle ne lui demandait pas ce qu'il foutait ici, elle s'en foutait. Puis s'il avait un truc à dire, en principe, il y allait d'entrée de jeu. « Et soigne toi si tu veux pas qu'on s'occupe de toi. » Piqûre de rappel tout de même, se doutant bien que s'il y avait du sang... Il était blessé. Lui pouvait revenir amoché. Lui avait le droit de se démener, ou il le prenait, malgré son œil. Lui avait fait quelque chose lorsqu'ils avaient été attaqués. Ses poings se serrèrent derechef mais elle tenta de rester de marbre. Cela ne servait à rien de s'énerver. Il avait fait ce qu'il fallait. Elle ne pouvait lui en vouloir. S'installant sur une des quatre chaises de bois après avoir fait léviter la carafe et son verre, elle en sortit un autre pour lui. « Je te sers quelque chose ? »

✧✧✧ outfit ✧✧✧
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La voix l’interpelle dans son dos sans qu’il sursaute. Sa baguette reste sagement rangée, son sixième sens d’office silencieux en présence de Dorcas Meadowes. Maugrey observe la porte salie et soupire. Déjà-vu. Il n’a pas le temps de s’expliquer ou même de tenter un petit sortilège de récurage qu’elle lui colle de la nourriture dans les bras. L’odeur vient lui chatouiller les narines, son ventre gronde. Il se rappelle qu’il a terriblement faim, incapable de dire quand il a mangé pour la dernière fois. Une voix qui ressemble à celle de Lily Potter le sermonne sur sa mauvaise qualité de vie. Il en sourirait presque.

Presque.

L’auror suit sa collègue dans son appartement. Son œil exercé remarque la poubelle qui a besoin qu’on la sorte et la carafe d’alcool. Contrairement à son propre logis, l’endroit reste plutôt bien rangé et si ce n’est l’odeur douceâtre de la nourriture en décomposition dans la cuisine, rien ne trahit l’état préoccupant de Dorcas. Maugrey dépose les plats sur la table et retourne à la porte. Il s’assure que personne ne peut le voir avant de tapoter du bout de sa baguette sur le battant en usant du sort approprié pour que le sang disparaisse. Il referme ensuite derrière lui et retourne vers la membre de l’Ordre aux arrêts depuis trop longtemps. Il note son acidité quand elle évoque sa blessure, sur laquelle il a déjà apposé un sort vite fait.

Il n'est pas d'accord avec la décision de Dumbledore et Dorcas le sait. Il a plaidé en sa faveur, proposé de la surveiller, ce qui ne lui a valu qu'un regard fixe de la part du sorcier, le temps qu'il comprenne le fond de sa pensée. Évidemment, ce n'est pas à lui qu'on confiera des gens instables. Il s'est, un temps, rangé à cet argument mais il comptait la tirer de son exil assez vite. Sauf qu'il y a eu le Chemin de Traverse, sa blessure... et Alecto Carrow. Disparition quasi totale d'une vingtaine de jours pendant lesquels ils se croisèrent à peine. Elle a des raisons de se montrer désagréable. Il ne lui en veut pas, d'ailleurs.

La même chose que toi, demande-t-il, de son ton bourru.

Ce qui a de quoi surprendre puisqu’il ne boit jamais d’alcool. Sauf qu’il en a besoin, autant que de manger. Puis il a bien bu avec James Potter… Il n’aime pas trop cette nouvelle habitude.

Sans attendre, il déballe les plats froids qui s’accommodent bien à la touffeur estivale. Une salade de pommes de terre qui lui semble délicieuse obtient sa préférence. Il utilise un accio pour qu’une fourchette vole jusqu’à lui en frôlant Dorcas. Une chance que même perturbé, il maîtrise bien ses sorts. Elle aurait eu l’air maligne avec les dents du couvert plantées dans son épaule ! Avant de dévorer son repas improvisé, il y verse son habituel détecteur de poison en ressentant une pointe de culpabilité. Lily Potter lui a dit d’éviter de faire ça quand il doit prendre son remède. L’heure approche. L’heure est même dépassée sauf qu’il a oublié, l’esprit tout entier tourné vers Alecto Carrow. Il se rend compte que la sang-pur joue le rôle d’anesthésie, même quand il la honnit. Depuis quand n'a-t-il pas tiré une gorgée ?

Ne réponds pas.
Terrain trop glissant. D'ailleurs, il prend soudain conscience de l'élancement dans son visage, devenu une triste habitude.
Merde.

Le silence s’étire, seulement rompu par ses bruits de mastication. Au contraire de leur normalité, ce calme n’a rien de reposant. Dedans s’accumule une sorte de rancœur, d’agacement, elle lui en veut pour quelque chose et ça le fatigue d’avance. Il aimerait mettre sa certitude sur le dos de sa paranoïa sauf que la Meadowes a de quoi lui reprocher. Il finit par soupirer, après avoir avalé la moitié du plat, ventre repu qu’il détendra encore avec un peu d’alcool.

L’hésitation le maintient silencieux. Puis finalement, il grimace et balance :

Allez, vide-le, ton sac. Balance, ça nous fera du bien à tous les deux, de se disputer avec quelqu’un qui a du répondant.

Pas que la Carrow en manque mais elle lui donne envie de la faire taire avec un baiser. Aucun risque que cela arrive avec Dorcas. Ils pourraient même se taper dessus en toute amitié, sans rancune, quoi que Maugrey préfère hésiter des fois qu’il perde son contrôle sur lui-même. Bon sang, il a besoin de se retrouver et si quelqu’un peut l’y aider, c’est bien la femme assise en face de lui.
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