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Le souci d'un ami

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ft. Remus Lupin
Le souci d'un ami
3 Août 1979 ; Flagley-le-Haut, Angleterre ☾ solitude is fine but you need someone to tell you that solitude is fine. and if you're lonely when you're alone, you're in bad company.
« Quoi ? Sa mère a été... » A la hâte, doublée de ses sourcils froncés, Sirius lui sifflait de ne pas terminer sa phrase. James se tu. La tasse de thé qu'il allait porter à ses lèvres s'était en revanche trop brutalement retrouvée en suspend et fatalement, chuta en compagnie de son contenu au sol. La porcelaine se fracassa en milliers de morceaux et l'earl grey encore brûlant tâcha son mocassin droit. Dans l'open-space qu'ils partageaient avec les autres apprentis aurors, quelques têtes se retournèrent, certaines visiblement agacées par le bruit. Mais il n'en avait cure. Les yeux noisettes, qui d'ordinaire brillaient inlassablement d'une lueur joyeuse derrière la paire de lunettes rondes, s'étaient agrandis d'effroi, vidés de leur substance. Sa main, toujours levée, tremblait légèrement. Il avait pâli. Ce n'était pas possible. Pas Hope Lupin. Pas la mère de son meilleur ami. Pas une innocente !

Depuis l'horrible attaque du vingt-et-un juin au Chemin de Traverse, la liste des meurtres s'allongeait de semaine en semaine, à l'horreur grandissante du Bureau des Aurors qui le constatait, impuissant. Comme son ami, comme les autres apprentis, James était conscient que son choix de carrière le confronterait drastiquement à la part d'ombre de son monde. Pour ne pas dire qu'il l'avait souhaité. Poudlard et son espace hors du temps, féerique et merveilleux, l'avait gardé des dangers au même titre que l'amour de ses parents l'avait gâté. Ce temps-là était révolu, il l'avait accepté. Pourtant, le trépas de celle dont le nom venait de s'ajouter aux tombés était tellement injuste et violent qu'il en ressentit le manque instantanément. Comme si ses propres parents étaient partis une seconde fois. « Qu'est-ce... je... comment... » Il avait un peu de mal à respirer. A ses côtés, Sirius secouait la tête. Il faudrait qu'il s'en contente, la source de son information devait rester secrète. James acquiesça, quoique très doucement. Il sentait son cœur battre un peu plus fort, sa main retrouver ses articulations et se crisper en poing tandis qu'à sa tempe gauche, une veine ressortait. La colère montait. Le jour viendrait où ils mettraient la main sur l'un de ces assassins ; alors, justice serait rendue.

☾ ☾ ☾

D'un mouvement souple de son corps, James atterrit le soir même à Flagley-Le-Haut. Il avait choisi de voler plutôt que d'utiliser un portoloin : les distorsions multiverselles lui donnaient la nausée. Et puis, il avait eu besoin de prendre l'air. Il avait laissé un message à Lily à Sainte Mangouste, promettant de rentrer par poudre de cheminette. Descendant de son balai, il sortit sa baguette magique et murmura : « Reducto ! » Instantanément, son Comète 260 se réduisit à la taille d'une clef. James le fit disparaître dans l'une des nombreuses poches internes de son dufflecaot ainsi que sa baguette. Bien que le mois d'août venait à peine de commencer, un méchant vent d'est soufflait sur le Yorkshire aussi, le jeune homme rabattit le col de son manteau contre la peau fragile de son cou et prit la direction de la maison de son ami comme indiquée par Sirius.

Le village semblait passer à table. Depuis les fenêtres ouvertes sur de menus intérieurs, on pouvait observer des familles s’asseoir derrière de belles pièces de viandes, un rire d'enfant égayant ça et là une rue. Les lumières tamisées dispensaient une couleur chaleureuse sur rues pavées et quelque part, on pouvait même distinguer quelque notes de musique. Tout semblait paisible. Mais pour combien de temps encore ? James se remémorait les noms des victimes sur le grand tableau d'affichage qui semblait accueillir chaque nouvel arrivant d'un sinistre : "si vous croyez aux histoires qui se finissent bien, vous êtes au mauvais chapitre." Il déglutit douloureusement. Dire qu'il avait plaisanté sur l'absence de nouvelles de Remus en ironisant sur conquête fortuite au détour d'un de ses petits boulots ! Il aurait dû savoir que ce silence cachait autre chose, comment avait-il pu être aussi stupide !

Lorsque finalement, il arriva devant la porte indiquée, James eut un instant d'hésitation. Et si c'était trop tôt ? Il fallait respecter le deuil, lui-même avait pleuré ses parents à son rythme. Mais Lily avait été là et sans elle, jamais il n'aurait pu supporter le chagrin. Il se devait d'en faire de même pour Remus. Soufflant sa détermination, James appuya sur la sonnette. « C'est moi, Lunard ! C'est Cornedrue. » Il savait son ami prudent, bien plus que lui ne l'avait jamais été. Il savait aussi que seuls les Maraudeurs, baptême de leur bande d'école et fabuleux sceau de leur liens jamais ébranlés, utilisaient leurs surnoms. Il ne courrait aucun risque. Il était avec un ami.
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Le caquètement strident raisonnait dans un coin de la cuisine, inlassablement, comme si ces sons pouvaient ouvrir une voie vers sa liberté. Il y a probablement un temps où la patience et les oreilles de Remus auraient pu supporter cela longtemps, indéfiniment même peut-être mais là, au bout de plusieurs minutes constituées d'une recherche active de couverture, le sorcier fini par placer le fruit de son activité sur la cage. Recouvrant les barreaux encerclant l'erkling, la couverture ramena doucement le calme dans la masure qui glissait vers l'obscurité à mesure que le soleil déclinait.

▬ " Ça ne me plaît pas non plus, mais si tu pouvais patienter une nuit... " Le silence fut sa seule réponse et dans un coin de son esprit il se prit à espérer que le phénomène perdurerait jusqu'au moment où il pourrait relâcher la créature dans un endroit convenable. La lumière s'installa dans la pièce, faisant vite oublier que dehors la nuit vivait ses premières heures et qu'il devait probablement commencer à se soucier du repas au lieu de se poser sur une chaise en attrapant La Gazette du Sorcier d'aujourd'hui. Mais cette lecture assidue fut perturbée alors que les résultats sportifs se frayaient un chemin entre les faits divers, Remus dû relever le nez de son escapade pour tourner son regard vers l'entrée qui se manifestait à une heure presque étrange.

▬ " C'est moi, Lunard ! C'est Cornedrue. " La réaction fut brutale, giflée par une vague d'angoisse Remus se surpris à espérer que s'il ne manifestait aucune réaction peut-être que le visiteur n'irait pas plus loin. Mais bien vite son propre réflexe le choqua. Il s'y était quelque peu attendu après l'apparition de Sirius, mais comme les jours étaient passé il avait fini par espérer ou regretter d'y échapper. Alors, à grand renfort de volonté, Remus s'employa à discipliner les battements de son cœur alors qu'il se levait pour enfin ouvrir sa porte.

▬ " Bonsoir James. " Le sourire était intimidé, égaré aussi bien que son esprit qui peinait à définir l'état que cette apparition provoquait. Il s'effaça pour le laisser entrer, n'étant pas assez égaré au point de le laisser sur le pas de la porte. " Ne me dis pas que tu t'es chamaillé avec Lily, je ne veux pas prendre partie. " La tentative est un peu brouillonne, probablement maladroite mais le fin sourire demeure malgré tout. Parce que même égaré, il est maintenant presque certain d'être heureux de voir cette silhouette familière. Mais bien vite Remus se coince le doigt dans la crainte du silence. Il n'avait pas l'habitude, lui l'introverti et l'observateur se nourrissait du silence et des respirations mais à cet instant l'absence était une douleur qu'il voulait repousser.

▬ " Comment vas-tu ? Et Lily ? " Il s'était glissé vers la pièce principale, retrouvant la cuisine où il replia machinalement la Gazette sur la table. Mais à vouloir faire la conversation Remus identifia son erreur, ce genre d'interrogation appelait à être retourné, sujet qu'il cherchait instinctivement à éloigner. Il se fatiguait lui-même à s'agiter intérieurement, comme si ces remous pouvaient dissimuler ses maux que ces derniers jours commençaient à peine à ensevelir. Alors il finit par s'asseoir, tout simplement, égarant son regard pour remettre un peu d'ordre dans son esprit.

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3 Août 1979 ; Flagley-le-Haut, Angleterre ☾ solitude is fine but you need someone to tell you that solitude is fine. and if you're lonely when you're alone, you're in bad company.
Il lui sembla qu'une éternité s'écoula avant que Remus ne vienne lui ouvrir. La patience n'était pas sa vertu première mais s'il l'avait fallu, il serait resté planté là à attendre toute la nuit. Lily comprendrait, elle aurait même été la première à l'envoyer à faire le pied de grue à Flagley. C'était d'ailleurs une chance que son ami soit bel et bien chez lui. Conformément aux règles du Bureau, Sirius lui en avait communiqué les coordonnées sans lui révéler les circonstances dans lesquelles il avait appris l'assassinat de Mrs Lupin. Dans le cas contraire, ils risquaient tous deux le renvoi avant même d'avoir pu se prouver à la T.A.R.E. C'est là que les années passées à tordre le cou au règlement scolaire portaient leurs fruits : personne, et surtout pas l'autorité du Ministère, ne se mettrait entre lui et ses amis. Un Auror n'était pas un fonctionnaire comme les autres, à considérer qu'il en fut un tout court. Autrement, James n'aurait pas choisi ce métier. Néanmoins, travailler à proximité des arcanes du pouvoir avait ses avantages. Au moins, ses allées et venues n'étaient pas contrôlées. 

Lorsque la silhouette de Lunard se dessina dans l’entrebâillement de la porte, James lâcha un sourire de soulagement. La pénombre cachait un bonne moitié de son visage, mais celle qui restait éclairée par un lampadaire non loin de là lui suffisait pour le reconnaître. « Bonsoir, Remus. » Il allait pour prudemment lui demander s'il pouvait entrer mais déjà, son hôte s'effaçait de lui-même. Il fut quelque peu surpris. Remus n'avait pas l'air d'attendre sa visite et pourtant, il se comportait comme s'il avait su qu'il viendrait. Un pli soucieux se dessinant doucement entre ses yeux, à la naissance de ses lunettes, il choisit de ne pas relever tout de suite. Lui emboîtant le pas, James entra, refermant la porte derrière lui. Dehors, le vent soufflait plus fort mais étrangement, les murs de la maison étaient suffisamment isolés pour qu'on n'en perçoive qu'un très léger sifflement. Ils se trouvaient dans la cuisine, doucement éclairée, et son œil repéra l'exemplaire de la Gazette du Sorcier que son ami devait être en train de lire avant que James ne décide de débarquer en pleine soirée. Une soirée destinée à être passée seul, en perspective.

La remarque de Remus le fit sourire. Loin de se montrer agacé ou même dérangé, son trait d'humour avait tout de même quelque chose de forcé. Mais peut-être le connaissait-il trop bien. Déjà à Poudlard, ses explications quant à sa condition, alors connue seulement de Dumbledore, n'avaient pas fait long feu. Et depuis que James, Sirius et Peter avaient réussi la métamorphose en Animagi, c'en était fait du sieur Lupin et de sa carapace : il pouvait tromper bien du monde, mais pas ses frères. Toutefois, James ne lui en tenait pas rigueur. Ce soir, il avait parfaitement le droit de lui mentir. « Lily ? Oh et bien puisque tu en parles, on frôle le divorce. Il fallait que je prenne l'air, elle me réclame l'intégralité de notre coffre à Gringotts ! » Répondre de l'hibou à l'hyppogriffe était sa spécialité. D'ailleurs, son sourire de travers ne trahissait que trop qu'il s'agissait d'une mauvaise plaisanterie. Non seulement le jeune couple filait un amour passionné et sans nuages depuis huit mois, mais surtout, quiconque avait croisé la route de sa femme attestait de sa nature profondément désintéressée. « Elle a commencé sa deuxième année d'études en médicomagie. C'est dur, mais tu la connais : rien ne lui est impossible ! Elle t'embrasse... Tu lui manques ! »

Il avait presque murmuré les derniers mots, avec beaucoup de douceur. Le but n'était pas de le faire culpabiliser mais de lui rappeler que s'il choisissait de s'isoler, ses amis ne l'oubliaient pas. Un discours difficile à entendre, surtout lorsque l'on portait le deuil. James en savait quelque chose. Et tout comme alors, ils l'avaient tous soutenu, il ferait la même chose pour lui. pour l'heure, Remus s'était laissé tomber sur une des chaises qui centraient la table ; retirant sa veste qu'il accrocha à un dossier, James s'assit à son tour, replaçant quelque peu ses lunettes sur son nez. « Je vais bien. Moi aussi je rentre en deuxième année de formation. On ne va pas tarder à me rattacher à un superviseur. Le Bureau délibère encore. C'est là-bas que j'ai appris pour... » La douleur lui nouait la gorge. Il n'arrivait toujours pas à y croire. « Lunard... Je suis tellement désolé... »
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Elles se comptaient sur les doigts d'une main, ces fois où il avait redouté la présence de James à ses côtés. L'angoisse de l'exposition et des dégâts que cela pouvaient produire. Il avait appris à être jugé, là n'était plus vraiment le problème même si cela l'attristait toujours un peu au fond. Mais lorsque le jugement pouvait potentiellement se lire dans le creux d'un regard amical... Remus craignait plus que tout cet impact. L'apparition de Sirius avait été une surprise autant pour l'un que pour l'autre, il avait dû réagir plutôt que réfléchir, sans compter la présence de Maugrey. L'expérience n'avait rien eu d'agréable mais il s'en était extirpé. Alors que là... Notre sorcier avait eu le temps de laisser ses craintes guider des scénarios, s’imaginant de nouvelles blessures pour dissimuler la véritable.

Égaré dans ses pensées, Remus manqua de peu d'entrer la tête la première dans cette histoire de divorce. Il n'avait pourtant pas l'habitude de manquer de clairvoyance mais il s'en fallu de peu pour que l'incompréhension ne produise une remarque. Heureusement son réflexe d'attendre la fin de la réplique fut salvateur car un amusement distrait prit la place sur ses traits à l'évocation des tensions autour du contenu du coffre des Potter. Même dans son état, la vision d'une Lily cupide n'avait absolument rien de probable et le sauva donc d'un manque de perception.

Le corps échoué sur sa chaise, le regard égaré sur la table, Remus tentait juste de se calmer. Lui qui avait cru commencer à s'extraire de ses turpitudes comprenait qu'il suffisait encore que d'une présence pour déraper, tout était encore trop fragile. Néanmoins, les nouvelles glissèrent un sourire sincère sur ses traits. La vision d'une Lily épanouit et travailleuse suffisait à réchauffer un bout de cœur endormi dans sa solitude. Mais il suffit d'une conclusion murmurée pour raviver une douleur aiguë. Il ne parvint pas à atténuer l'effet, à dissoudre la crispation de ses traits alors qu'on le ramenait à la seule voie qui lui avait semblé raisonnable.

Au début cela avait été censé, vivable, Remus avait besoin de sentir qu'il pouvait décemment enchaîner les jours sans la bulle des Maraudeurs. Qu'il pouvait se heurter à son monde sans se briser. Et puis après cela avait été une évidence, entre sa recherche de boulots et sa mission le temps venait à lui manquer même s'il avait déjà senti à cette époque que le mur n'était pas loin. Et enfin, il l'avait pris en pleine face, ce mur de roc. Un pan gigantesque lui était tombé dessus sans qu'il ne comprenne d'où cela venait et sans qu'il puisse trouver le courage d'aller montrer qu'il s'était effondré. On n'essayait pas de s'émanciper pour finalement ne rentrer que lorsque l'on avait désespérément besoin de la maison, cela n'aurait été qu'une exploitation égoïste des liens amicaux.

Effarouché, Remus ne parvint pas à se réjouir des nouvelles de James au même titre que celles de Lily. Pire encore, il perdit probablement le peu de couleur qui devait perdurer sur sa peau lorsque l'allusion flotta dans l'air. Il n'avait pas vraiment envie d'entendre ça dans cette voix, encore moins de voir cette douleur qu'il sentait. Alors son regard restait rivé en bas, accroché à un point invisible qui l'empêchait de voir James.

▬ " Je ... Je ne suis pas certain de vouloir en parler. " Au moins une chose qui ne changeait pas, ça manière d'exprimer sa désapprobation ou son malaise autour d'un sujet survivait même à la violence de cette sensation. " Mais c'est gentil d'avoir fait ce chemin pour ... " Toutes ces angoisses, tous ces scénarios anxiogène pour ne pas parvenir à finir ses phrases. S'il avait eu la force d'avoir un nouveau un peu de décence il serait sans doute parti se planquer un peu plus loin, histoire d'au moins raccourcir le spectacle.

Le discret cisaillement des barreaux dissimulés sous la couverture lui offrit une bouée de secours à laquelle son esprit tenta de s'accrocher pour penser à autre chose. Son regard glissa doucement vers la cage d'où la créature devait tenter de s'extraire d'une manière plus subtile que précédemment.

▬ " Tu ... Tu ne connaîtrais pas une réserve capable d'accueillir un nouvel erkling ? " Après ce silence le changement de sujet n'avait absolument rien de subtile, on était très loin de cette finesse qu'il maîtrisait traditionnellement. Mais il n'avait pas vraiment le choix s'il ne voulait pas offrir un spectacle pitoyable. " Il m'a donné du fil à retordre, je ne sais pas comment il a atterri seul dans cette propriété mais maintenant il faut que je lui trouve une nouvelle résidence. " Les mots s’enchaînaient presque nerveusement, habitant de nouveau le silence pour éviter qu'autre chose ne le remplisse et entretienne son envie de se recroqueviller dans un coin pour pleurer des larmes qu'il n'avait plus.

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3 Août 1979 ; Flagley-le-Haut, Angleterre ☾ solitude is fine but you need someone to tell you that solitude is fine. and if you're lonely when you're alone, you're in bad company.
James Potter ne s'était jamais particulièrement illustré par sa finesse. Plutôt direct, pour ne pas dire rentre-dedans, il n'avait jamais vraiment eu besoin de faire preuve de tact ou de prudence. Plus d'un à Poudlard pouvait en attester, et si certains avaient pu en souffrir, la plupart se remémoraient ces témoignages en riant. La franchise déconcertante de Potter étaient en principe sa plus grande qualité. Et puis il avait été nommé Préfet en Chef ! C'était bien une preuve suffisante qu'il était digne de confiance ! D'ailleurs, il avait bien pris son rôle au sérieux - du moins, aussi sérieusement qu'il en était naturellement capable - et la jolie Lily Evans avait fait le reste. Les seuls qui pouvaient en dire d'avantage, qui pouvaient dire toute la vérité mais qui s'en garderaient, étaient ses amis. Ses frères. Ses Maraudeurs. Ils le connaissaient mieux que quiconque, et inversement.

Et pourtant. En voyant Remus toujours inerte sur sa chaise, le regard fuyant et les lèvres à peine troublée d'un sourire pour, au contraire, se crisper, James compris qu'il avait mis les pieds dans le plat comme jamais encore. Idiot ! Qu'avait-il eu besoin de plaisanter, ce n'était vraiment pas le moment ! Il se gratta nerveusement l'arrière du crâne, cherchant de quoi meubler le silence. Mais peut-être était-ce là le problème. Peut-être que le silence n'avait pas besoin d'être meublé parce qu'il se suffisait à lui-même. Peut-être que pour une fois, être là signifiait simplement être là. Présent, mais sans s'imposer. Sans imposer ses remèdes, ses manières de surmonter une situation difficile. Quand bien même ils resteraient Mauraudeurs, ils n'étaient plus à Poudlard. Les choses changeaient, devaient changer.

Mais peut-être avaient-elles trop changées. Alors que trois d'entre eux se côtoyaient quasi quotidiennement, travaillant tous dans les arcanes du Ministère, ce n'était pas le cas de Remus. La fermeture des grilles de l'école sur lui, s'était ouverte les portes du monde réel et ses préjugés. Sept années de camaraderie dont les échos avaient largement dépassé les frontières écossaises, n'avaient pas réussi à venir à bout des défauts gangrenant du monde magique. La condition du jeune homme dégoûtait, révulsait et plus que toute autre chose, faisait peur. Parfois même d'avantage que les disparitions qui sillonnaient leur quotidien. Surtout lorsqu'il s'agissait de... James déglutit. Le crime qui avait jeté le deuil sur la famille Lupin était terrible, parce qu'aussi injuste que relayé au second plan. Peut-être était-ce là aussi la raison pour laquelle James avait tenu à présenter ses condoléances mais qu'elles s'étaient avérées d'avantage chargée en violence que de sollicitude. D'ailleurs, Remus n'avait pas envie d'en parler. Même s'il mettait tous les efforts du monde à le remercier. « Je comprends...  » murmura-t-il, la gorge quelque peu enrouée.

Ils restèrent ainsi un long moment, sans parler. James détestait ce genre de malaise mais pourtant, il se retenait. Il le lui devait. C'était peut-être sa meilleure preuve d'amitié et dans le fond, c'était là la vraie raison de sa présence. « Je peux me renseigner... » fit-il, alors que Remus l'interrogeait sur une possibilité d'accueillir l'erkling, dont James avait noté la présence sans pouvoir l'identifier complètement. Le département de contrôle et de régulation des créatures magiques se trouvait à deux niveaux au dessus du Bureau. Il y avait moyen de se rapprocher de quelqu'un au service des êtres. « Tu... Tu pourrais m'accompagner au service des êtres... Ils voudront certainement te poser quelque questions, vu que c'est toi qui l'a trouvé et que tu t'en occupes depuis... depuis quand exactement ? » ajouta-t-il, tentant de faire un tout petit peu de conversation. S'il se rendait à Londres, il pourrait revoir Sirius et Peter. Ils iraient dîner quelque part sur le Chemin de Traverse, et Lily les rejoindrait certainement depuis Sainte-Mangouste. Dis oui, Lunard, dis oui... priait-il intérieurement.


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Le silence, James semblait l'accepter probablement trop mal à l'aise pour entretenir son naturel sans détour. Mais cela restait une supposition, le regard de Remus restant rivé au loin, il ne pouvait vérifier cette théorie. Pour tout dire il ne voulait pas vérifier cette théorie car la conclusion ajouterait une autre peine à toutes celles qu'il avait déjà en sa possession. Alors notre sorcier s'accrocha à autre chose, tournant ses yeux vers la couverture qui bougeait doucement, au rythme des tentatives de la créature qui tentait de s'extraire de ses barreaux. Le sujet était tout trouvé, il le saisit et en vint à passer des condoléances aux erklings. La transition n'existait guère même si la mort rôdait autour de ces deux sujets, il n'y avait rien qui aurait pu permettre cette évolution de conversation.

Là encore, James se fit coopératif, suggérant l'aide du Ministère et du Département de contrôle et de régulation des créatures magiques... Il lui était bien difficile d'imaginer mettre un pied là-bas, dans ce lieu qui peinait à savoir si sa propre existence relevait de l'être ou de l'animal. C'est ainsi que sans s'y être attendu, Remus se retrouva face à un autre genre de malaise, l'obligeant à se redresser sur sa chaise pour donner vie à cet inconfort.

▬ " Aujourd'hui, juste aujourd'hui. Un sorcier m'a contacté, il craignait l'avoir vu avec son fils la veille. " Un contrat comme un autre, sans véritable homologation cependant et il s’aperçut donc que sa bouée de secours était elle aussi embarrassante pour son interlocuteur. " Désolé, je vais m'en occuper. Il voulait que je m'en débarrasse mais ce n'est pas quelque chose que je fais... Quand c'est possible. " Tuer la créature à défaut de la comprendre, le sujet lui était un peu trop personnel pour qu'il y cède. Les erklings étaient dangereux, surtout pour les plus jeunes, mais si l'on devait commencer à les tuer qu'advenait-il des êtres plus dangereux encore... " Ou alors tu veux l'emmener ? C'est peut-être mieux. " Légalement parlant tout du moins.

Remus pataugeait, s'embourbait dans cette histoire qui n'avait pourtant rien d'incroyable. Il avait voulu ménager ses maux, il n'en exposait que mieux les conséquences, c'était à n'en plus finir. Il posa ses coudes sur ses genoux, observant la cage dissimulée comme si elle pouvait l'aider à clarifier ses esprits au rythme des crissements sur les barreaux. Mais bien évidemment rien ne s'éclaircissait, Remus paniquait à l'idée que son interlocuteur revienne à la charge, il se peinait de l’embarrasser avec cette histoire de créature clandestine et il s'angoissait de constater que les semaines passaient sans qu'il ne ressorte la tête de l'eau. Trop de charges et sa tête tomba finalement entre ses mains, crispant ses doigts dans ses cheveux pour tenter d'y arracher une infime partie de ce poids qui le maintenait bien bas.

▬ " J'aurais dû vous prévenir mais je ne trouvais pas le moyen. " Trop de douleur, pas assez de temps, crainte de déranger ou d'apitoyer, trop de "trop" et de "pas assez" et le résultat avait été qu'aucun hibou ne s'était envolé d'ici, quant à se déplacer en personne... Il n'en avait pas plus la force que ce soir. " Si encore vous l'aviez connu ... Mais là j'avais juste l'impression ... " De rédiger des appels de détresse. Que cela soit écrit ou oral, l'idée s'étranglait avant même sa formulation, asphyxié par les maux qu'il tentait de soigner. Remus ne voulait pas en parler et pourtant il y revenait, instinctivement, parce que cela faisait trois semaines et qu'il n'avait rien expié. Mais lorsque la volonté s'opposait à l'instinct tout se paralysait, à commencer par son corps qui se crispait et ses paupières qui se fermaient. Dissimulé entre ses bras son visage se tordait sous l'effort et la vague mit de longues secondes à reculer. " Désolé. " Remus tenta d’éclaircir sa gorge, de se détendre aussi mais l'entreprise était laborieuse. " Tu veux quelque chose ? Peut-être qu'on t'attend. " Machinalement, un coin de son esprit parvenait à se rappeler son devoir d'hôte même si à cet instant précis il était bien incapable de se souvenir de ce qu'il pouvait proposer à son malheureux invité qui de toute façon devait probablement être attendu à cette heure.

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3 Août 1979 ; Flagley-le-Haut, Angleterre ☾ solitude is fine but you need someone to tell you that solitude is fine. and if you're lonely when you're alone, you're in bad company.
S'il y avait bien une chose à laquelle il réagissait mal, c'est bien qu'on lui résiste. D'une quelconque manière que ce soit ! Un travers hérité de l'enfance, sans doute dû à ses parents qui n'avaient que lui, qui avaient désespéré de ne jamais l'avoir et qui, bien malgré eux, avaient gangrené leur enfant au berceau. A trop le gâter, à trop le porter, ils n'avaient pas vu le dommage inhérent qu'ils lui causaient. Et il avait fallu les années de Poudlard, le faire se mélanger à ses pairs, ainsi que quelques grains de maturité, avant que son défaut d'adolescent ne devienne une de ses forces. Car ne pas accepter la négative comme réponse suffisante pouvait s'avérer très salvateur, surtout lorsqu'il s'agissait de venir en aide à autrui - en particulier quand cet autrui avait du mal à voir à travers le voile du chagrin.

Pourtant, Remus lui donnait du fil à retordre. Mais à trop espérer qu'il accepte, comment ne pouvait-il être déçu d'une réponse différente ? Après lui avoir révélé qu'il n'était confronté à la créature que depuis ce jour seulement, son regard fuyait à nouveau le sien, changeant subitement d'avis et assurant qu'il pouvait parfaitement continuer à l'avoir à sa charge. James se retint de lever les yeux au ciel. Il avait l'impression de retomber aux débuts de leur amitié, alors qu'il inventait excuse après excuse quant à son comportement que seul le recul et la vérité pouvaient véritablement expliquer. Déjà, le même langage corporel : faussement absent, un rien flegmatique, croyant se réfugier en éviter les regards directs. Presque dix ans plus tard, il n'avait pas changé ! Et James réalisa, plus que jamais, combien son ami était vulnérable. Et tandis qu'une boule se formait dans sa gorge, il lui sourit d'un air désolé. « Comme tu veux... Je tâcherai d'être précautionneux... » Il voulu ajouter comme toi, mais préféra se taire. Ça n'apporterait rien, et ne le ferait se sentir qu'encore plus mal.

Mais il était dit qu'il ne serait jamais assez prudent. Remus venait de s'effondrer, recroquevillé sur lui-même, la tête entre ses mains. Il venait de craquer. Enfin il mettait les mots sur sa peine, enfin il exprimait autre chose qu'un subterfuge, enfin il arrêtait de se cacher. James eu un mouvement en avant, sa main se tendait et pourtant, à mi parcours, il se retint. Il devait d'abord expier. Un autre toucher aurait sans doute l'effet inverse de celui désiré, et malgré la douleur qu'il ressentait à le voir dans son état, quelque chose en lui s'était également apaisé. La tension qu'il s'était imposée se relâchait et avec elle, toute celle qui embaumait l'air ambiant de son odeur lourde.

Lorsqu'au bout d'un moment, Remus releva la tête, James lui offrit un sourire compréhensif. Qui se fit plus franc en le voyant retomber dans ses travers, chercher un échappatoire en suggérant que l'heure tournant, il devait sans doute repartir. « Je viens à peine d'arriver, ce n'est pas pour repartir aussitôt... ! » fit-il, un léger rire dans la voix. « Et pour une fois qu'on se retrouve tous les deux, je compte bien en profiter ! » Tirant sa baguette de la poche de sa veste, il accompagna d'un geste rapide et un rien espiègle un : « Accio whisky Pur Feu ! » Instantanément, une bouteille d'alcool se matérialisa sur la table de la cuisine. Rangeant sa baguette, il rapprocha sa chaise de celle de son ami. « Et pour répondre à ta question, je suis exactement là où je suis sensé être. Avec mon ami. Avec mon frère. »


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Le Ministère, lieu nébuleux où il se sentait encore moins légitime que lorsque de son arrivée à Poudlard. Là-bas il était l'animal dont on attendait la signature dans un maigre registre et qui pouvait être traqué par l'unité de capture, quel meilleur moyen d'oublier son humanité ? Non, en cet instant il ne pouvait que décliner et prendre les chemins de traverses devant l'idée de James, il n'avait pas la force nécessaire de se confronter à sa stigmatisation, même pour l'honneur d'une autre créature. Remus tenta donc de trouver une autre solution en se pliant à son plan originel avant d'assimiler que cela pouvait embarrasser son visiteur à présent qu'il lui en avait parlé. Il dut donc suggérer autre chose en transférant les responsabilités sur James, l’embarrassant d'une autre manière... C'était à n'en plus finir et Remus ne parvenait pas à trouver une solution décente.

Nervosité et angoisse, cela ne faisait pas bon ménage et usait la corde qui ne tenait déjà que par un miracle qu'il ne s'expliquait pas. Et cette lune gibbeuse qui trônait dehors, lui rappelant que dans quatre nuits l'échéance tomberait alors qu'il n'avait rien réparé. James acceptait de récupérer la créature mais l'esprit du sorcier n'était plus vraiment accroché à ce sujet, sous ses propres coups il se crispa, se recroquevilla légèrement autour de sa tête en ruines. Usé, sa volonté n’eut plus alors la force de retenir son instinct et sa bouche tenta de mettre des mots, de glisser des excuses sur son silence, d'avouer à mi-mots pour tenter de se délivrer. Mais il n'était pas certain que cela ai l'effet adéquat, ne pouvant contrecarrer son envie de dissimulation physique que par la fatigue de son corps.

Il fallut quelques instants à Remus avant de retrouver sa voix et de s'accrocher aux conventions. Dans un espoir contrecarré par la crainte, le sorcier envisagea même le départ de son pauvre interlocuteur qui devait assister à cela. Mais son regard s'accrocha au sien et à son léger rire qui avait un goût de soulagement dans la tempête. Un sourire maladroit étira ses lèvres alors qu'une bouteille apparaissait de nulle part. Ses traits se penchèrent de nouveau vers le sol alors que James s'approchait, agitant encore ses doigts entre ses cheveux avant d'être pris au dépourvu par ses derniers mots. Sincérité fraternelle, l'aveu qui fendillait une autre digue en laissant perler des larmes à son regard. Égaré, cela faisait bien des années qu'il n'avait pas été confronté à ce mélange de d'illégitimité et de soulagement. Il fallait être fou pour choisir la fraternité avec la monstruosité et il aurait souvent préféré être à la hauteur de cette folie plutôt que de la justifier inlassablement. Remus avait aussi voulu laisser l'opportunité de se défaire d'une promesse juvénile encombrante et malgré tout sa réaffirmation survenait à l'instant où il n'en avait véritablement besoin.

Quelques instants s'écoulèrent avant que notre sorcier tente de se reprendre, écrasant maladroitement l'eau qui se frayait un maigre chemin sur ses joues pâles. Une inspiration l'aida à se redresser, fébrile dans cette faiblesse qui entraînait un léger tremblement dans ses doigts.

▬ " Un jour il faudra que l'on discute de tes critères de sélection. " Remus osa glisser un regard vers celui qui s'était rapproché en tentant un soupçon d'amusement qui peinait à se faire une place entre les ruines. Incertain sur sa capacité à formuler un remerciement intelligible il se contenta de cela avant de se détourner pour poser son regard sur un meuble non loin. Distraitement, il jaugea la balance entre physique et capacité, sortilège ou effort et notre sorcier décida de se lever légèrement pour ouvrir la porte et extraire manuellement deux verres avant de les déposer sur la table en se laissant retomber sur sa chaise. " Qu'est-ce que Sirius t'a dit ? " Il ne l'avait pas dit mais Remus pouvait parier qu'il devait cette visite aux mots de leur ami. C'était le plus probable alors il partait sur ce principe pour jauger du niveau de connaissance de James sur cette histoire. " Je vais peut-être devoir m'excuser... Il a été pris au dépourvu. " C'était le moins que l'on puisse dire. Il lui avait semblé qu'il n'avait aucune connaissance de l'identité de celui qu'il venait interroger, pas même une supposition, les plongeant l'un et l'autre dans un océan d'hésitation et d'embarras. Doucement, il glissa les verres vers James lui laissant les pleins pouvoirs du service.

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Le souci d'un ami
3 Août 1979 ; Flagley-le-Haut, Angleterre ☾ solitude is fine but you need someone to tell you that solitude is fine. and if you're lonely when you're alone, you're in bad company.
Loin de l'étonner, sa remarque quant à sa façon de choisir ses amis ne fit qu'accentuer son sourire. « On peut toujours essayer, mais tu devrais savoir qu'une fois que mes décisions sont prises, je ne reviens jamais dessus. Je suis, comme qui dirait... têtu. » Il accentua ses dire en passant une main derrière sa tète et en faisant apparaître progressivement ses doigts derrière ses cheveux en bataille, dessinant grossièrement ce qui pouvait ressembler à des cornes. Allusion aux bois qu'il coiffait sous forme de cervidé. Patmol aimait à dire que même sous forme animale, il gardait son melon. Ce à quoi il lui répondait qu'il le préférait en chien - lui, au moins, se passait de paroles superflues. « Et puis tu sais, je crois que je suis un peu comme une baguette : je choisis mon sorcier, sans révéler mes secrets ! » Il lui adressa un clin d’œil, après quoi, il fit sauter le bouchon de la bouteille alors que Remus s'était levé pour leur chercher deux verres.

Tandis qu'il leur versait l'équivalent de deux shots, James repensait à sa dernière cuite. La vraie, qui n'avait rien de comparable aux légers effluves qui couronnaient certaines sorties avec Sirius, ou encore l'euphorie qui avait accompagné son mariage. Non, la dernière fois qu'il s'était laissé aller, c'était à Poudlard. Il venait d'avoir dix-sept ans et pour fêter officiellement sa majorité, il s'était retrouvé aux Trois Balais avec ses amis et toute une bande de familiers, issus de différentes maisons - à l'exception de Serpentard. Il avait levé son tout premier verre de whisky pur-feu en remerciement de leur présence, et s'apprêtait à le goûter lorsque ses yeux s'étaient figés sur ce qui se passait quelques tables plus loin. Lily, deux chopes de bierraubeurre, et un garçon. Son sang n'avait fait qu'un tour mais contrairement aux années précédentes, il s'était retenu de se lever et de déchaîner sa baguette sur une énième victime. Parce qu'elle était là, et parce que depuis ce qui s'était passé l'été dernier, il savait. Il la dégoûtait. Et la douleur lui avait étreint la gorge et il avait ingurgité l'intégralité de son verre, s'ordonnant de ne pas tousser alors que la brûlure lui broyait l'estomac. Et encore un verre, encore un, et encore un, jusqu'à s’effondrer à plat ventre sur la table. James sourit.

La question de Remus le tira de ses souvenirs. « Sirius ? » Il fronça les sourcils. Qu'aurait-il dû lui dire ? La suite le déstabilisa encore plus. Pris au dépourvu, Sirius ? James secoua la tête, comme pour se remettre les idées en place. « Il m'a simplement dit qu'il avait eu l'information comme quoi... » Il s'arrêta net. Ce n'était pas le moment de lui remémorer la raison première de sa visite. Il était avant tout venu pour lui, et ne voulait pas lui causer à nouveau de la peine. Et puis brusquement, il fit le lien. Sirius le prenant à part au Bureau, lui intimant de se taire et de ne pas poser plus de questions. Se pouvait-il que Sirius soit en charge de l'enquête sur l'assassinat d'Hope Lupin ? Et en ce moment, là où se trouvait Sirius, se trouvait aussi... « Oh merde... Ne... Ne me dis pas que Maugrey t'a interrogé ? »

Une expression de désolation avait légèrement fait pâlir son visage. James ne savait pas encore s'il avait beaucoup de respect ou beaucoup de rancœur envers celui que tous, bien qu'à contrecœur, considéraient comme le meilleur de toute sa profession. Personne ne pouvait nier ses qualités, ni ses talents ; de même que tous s'accordaient que ses méthodes avaient de quoi glacer le sang. Et le peu de ce que Sirius lui avait raconté - il lui avait été assigné - achevait de confirmer le tableau. Imprévisible, paranoïaque et sans la moindre once de tact. James sentit sa mâchoire se contracter. Il ne pouvait que trop bien imaginer avec quelle forme particulière de violence il avait assailli son ami de question, le tout sous les yeux de Patmol qui bien entendu, n'avait rien pu y faire. Ou peu. « Je comprends mieux pourquoi Sirius ne pouvait pas m'en dire d'avantage... Si quelqu'un apprend que j'étais là après leur visite, je ne donne pas cher de notre peau à tous les deux. »


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Le souci d'un ami@James Potter & @Remus J. Lupin

Le regard incertain, encore embrouillé saisi tout de même l'apparition du mime des cornes du cerf qui avait pu veiller sur quelques nuits auparavant, préservant ainsi le fin sourire de Remus. Il devait probablement cette présence à cette obstination, il fallait bien ça pour s'accrocher à cette décision à travers les années. Notre sorcier lui-même avait toujours renoncé à s'opposer à l'opiniâtreté de James Potter, empruntant essentiellement des chemins de traverse lorsqu'il l'estimait véritablement nécessaire. Mais il avait aussi toujours craint que cette obstination ne devienne qu'un réflexe à son encontre alors qu'ils entraient dans le grand monde. Ce n'était cependant pas aujourd'hui qu'il évaluerait la valeur de sa crainte, se contentant de se réchauffer égoïstement dans les déclarations d'intentions. Non, ce qu'il avait voulu soulever tournait plutôt autour des critères d'origines mais là encore James avait une réponse, plus énigmatique que la précédente. C'est avec elle que Remus détourna le regard avec encore les traces de son sourire sur ses lèvres avant de faire l'effort qui le conduit à s'équiper de verres.

Redressé sur sa chaise, le sorcier s'accouda à la table, observant le liquide remplir un peu outrageusement les verres alors que ses pensées revenaient inlassablement vers son passé. Cette fois il s'accrocha à Sirius qui n'avait probablement jamais été aussi mal à l'aise en sa présence que la semaine dernière. Il aurait probablement mieux valu pour tout deux que Maugrey ait été seul ce jour là, cela aurait dispensé chacun de quelques tortures mais ce n'était pas un point qu'ils pouvaient aujourd'hui changer. Alors Remus songeait à leur prochaine rencontre, celle où il aurait probablement certaine chose à se faire excuser. Comme celle d'avoir été trop bavard ? Car James semblait ne pas être au courant, embrouillant la piste sur laquelle il s'était engagé.

▬ " Oui, je croyais qu'il te l'avait dit... " Dans un léger froncement de sourcils, Remus tentait de comprendre les tenants qui conduisaient James à cette réaction. Mais il ne saisissait pas véritablement l'origine de l'agitation, du moins jusqu'à ce qu'il n'apporte de plus amples informations. Interdit, il observa son interlocuteur, assimilant qu'il était le centre d'autres ennuis avant de baisser le regard vers ses mains qui s'étaient rejointe sur la table.

▬ " Il n'y a pas de raison. Enfin je veux dire, tu n'es pas là pour des raisons... Professionnels. " N'est-ce pas ? Est-ce qu'un Ministère pouvait véritablement reprocher à un de ses représentants de visiter un ami si celui ci venait de traverser un drame sous le coup d'une enquête ? Ça n'aurait pas de sens mais après tout leur monde perdait le nord depuis quelque temps déjà. Il ne pouvait pas être l'épicentre de tant de perturbations, il y avait bien un moment où le vivier s'épuiserait, peut-être lorsque lui-même serait épuisé. Remus passa une main légèrement fébrile dans ses cheveux tentant de se rassurer machinalement. " Et puis ils ne le sauront pas de toute manière. " Dûment informé, il ne distillerait aucune allusion dans le cas où Sirius revienne avec son mentor. À partir de là la tranquillité de chacun devrait être assuré, il fallait l'espérer...

▬ " Je ne sers plus vraiment à grand-chose. " Le soupir qui s'extrayait de ses lèvres était douloureux et se faisait constat. Incapable de protéger sa mère, de garder un boulot, de sortir de sa place de marginale de la société, de sauvegarder ses amis, il n'était même pas certain de la valeur des informations qu'il pouvait apporter un Dumbledore. Même s'il n'avait jamais projeté de marquer l'Histoire il aurait tout de même souhaité avoir sa part de vie ou au moins de ne pas entraver celle des autres. Mais de toute évidence c'était bien trop demander et il allait devoir supporter cela. Errant, son regard s'accrocha aux verres qui les attendaient sagement, apportant une perspective qui lui semblait raisonnable à cet instant. Il attrapa donc le sien et l'entrechoqua avec celui de James avant de glisser probablement une gorgée un peu trop conséquente pour un début de soirée dans son estomac vide. Le liquide passa, laissant son visage se crisper sous le goût prononcé.

▬ " Racontes moi, ça ressemble à quoi la vie de deuxième année à l'école des aurors. " Il lui avait fallu quelques instants pour retrouver sa langue et récupérer de l'engourdissement de cette gorgée mais il jeta finalement un bout de sa curiosité sur ce qu'il n'avait pas : une place dans ce grand monde.

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