Le souci d'un ami

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Le souci d'un ami
3 Août 1979 ; Flagley-le-Haut, Angleterre ☾ solitude is fine but you need someone to tell you that solitude is fine. and if you're lonely when you're alone, you're in bad company.
James secoua la tête, en signe de négation. Non, Sirius ne lui avait rien dit de sa venue à Flagley-le-Haut. Les règles du Bureau étaient très claires. A chaque auror son enquête, sans qu'aucune information ne soit diffusée. Sauf cas particulier, qui donnait lieu à des moments d’anthologie de bureaucratie pendant lesquels on se retrouvait dans des salles de réunion faiblement éclairées, les têtes bien enfoncées dans leur col et aux murmures si feutrés qu'on peinait à les comprendre, quand bien même les bouches se tenaient à quelques centimètres les unes des autres. Quand bien même James et Sirius étaient liés par des liens encore plus indestructibles que ceux liant deux frères, ils l'avaient tous deux intégré aussi, Sirius ne lui avait révélé que ce qu'il ne jugeait pas relever du secret défense. Et aux vues de l'information en question, James n'aurait sans doute entendu qu'à moitié ce qui aurait pu suivre. Le décès de Hope Lupin l'avait profondément choqué, et plus encore lorsqu'il avait compris qu'elle n'était pas décédée de mort naturelle.

Sa remarque lui fit froncer les sourcils. « Pour eux, ça n'a pas d'importance. Ce qu'ils retiendront, c'est la "proximité temporelle entre les deux déplacements" » fit-il, en imitant à la quasi perfection la voix gonflée d'importance de son Directeur de Division. James détestait le jargon du Bureau, et il détestait encore plus son Directeur. Ses allusions salaces sur Lily lui restaient encore en travers de la gorge, de même que les lenteurs avec lesquels il s'était délecté lui faire miroiter son affectation. Heureusement que, le matin même, il s'était vu confié à Fabian Prewett. Faire équipe avec un auror accompli l'éloignait, le temps précieux de sa formation, de sa hiérarchie directe. James avait fait des progrès en patience, mais elle n'était pas pour autant devenue sa vertu cardinale. Il savait que le jour viendrait où il lui volerait dans les plumes et plus encore. Pour le moment, mieux valait mettre une distance de sécurité entre les deux hommes, en commençant par omettre soigneusement qu'il s'était rendu sur le lieu d'un interrogatoire en civil. « Tu n'as pas besoin de le préciser, Remus. Je sais bien que tu ne nous trahiras jamais. Et je t'avoue que savoir le grand Alastor Maugrey impuissant fasse aux Maraudeurs a de quoi me mettre en joie ! » ajouta-t-il sur un ton bien plus gai, en avalant l'intégralité de son shot de whisky pur feu. Comme il s'y était attendu, la brûlure de la boisson broya sa gorge, sans pour autant qu'il ne laisse apparaître quoi que soit. Sans avoir abusé des soirées d'anniversaire, il était suffisamment rompu aux sorties entre collègues dans les pubs du Chemin de Traverse pour tenir d'honorables quantités d'alcool.

Tandis qu'il allait se servir un second verre, James tiqua à la remarque de son ami. Ils avaient peut-être touché le cœur du problème et James s'en félicitait, d'un autre côté, entendre Remus Lupin, la force tranquille de leur indomptable quatuor se laisser manger à petit feu par de noires persuasions ne lui plaisait pas du tout. Il choisit, comme souvent, la carte de l'humour. « Tu sais à quel point ça m'arrache la bouche de te le dire, mais je crois que c'est la plus belle connerie que tu aies sortie en  presque dix années d'amitié. » Il lui fit don de son plus beau sourire de travers, tout en le resservant. En effet, Remus avait lui aussi bu son verre d'une traite. « Si Queudver était là, il te ferait la liste de tout ce qui ne va pas dans la phrase "Je ne sers plus vraiment à grand-chose" prononcée par ta bouche. Quant à Patmol, vingt gallions qu'il t'aurait foutu une bonne raclée pour s'assurer que tu n'es pas sous l'emprise d'un sortilège de confusion... » Il se contenta de le resservir et de lever son verre à sa santé en lui lançant un clin d’œil. « J'espère que tu sauras apprécier mon approche moins... radicale ! »

La seconde gorgée fut aussi brûlante que la première. Il voyait bien que la bombe lâchée, Remus se détournait à nouveau, plongeant dans les méandres de sa vie à lui pour ne pas trop s'attarder sur la sienne. Mais c'était mal le connaître que croire qu'il se laisserait aussi facilement amadouer. Bon joueur, James fit d'abord comme si de rien n'était. « C'est franchement moins palpitant que les brochures d'orientation que McGonagall nous distribuaient en Cinquième Année. J'ai passé le mois à classer des parchemins et à faire l'inventaire des potions, le temps qu'on m'affecte enfin à mon superviseur. J'espère que ça va changer, maintenant que j'ai un binôme... D'ailleurs, le hasard fait bien les choses : je suis assigné à Fabian Prewett. » Ils n'en avaient bien évidemment pas discuté au Bureau, et joué leur rôle à la perfection, mais James et Fabian se connaissaient déjà. Membre à part entière de l'Ordre du Phoenix, ils s'étaient déjà croisé à quelques réunions secrètes. Quelque part, James en était soulagé. Il n'aurait pas à s'inquiéter de ce que son mentor soit un infiltré.


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Le souci d'un ami@James Potter & @Remus J. Lupin

▬ " Pour eux, ça n'a pas d'importance. Ce qu'ils retiendront, c'est la "proximité temporelle entre les deux déplacements" " Ce n'était pas trop ce qu'il voulait entendre, le regard égaré sur ses mains Remus se rendait donc compte qu'il n'avait pas fini d'être une source d'ennuis. Cela aurait presque pu en devenir révoltant, si il avait eu la force et le tempérament pour cela... Mais dans tous les cas personne n'obtiendrait rien de lui dans cette affaire, alors hormis si James avait un traceur magique sur lui ou que lui-même était surveillé pour une obscure raison, il n'y avait pas de coin s'angoisser davantage. N'est-ce pas ? Le visage affaissé, le sorcier se fendit tout de même de l'assurance que cette fois il tiendrait sa langue, il lui suffisait d'être informé après tout. Lorsque le nom de Maugrey s'éleva, Remus redressa un peu sa tête, jetant un regard à l'amusement qui pétillait à ses côtés. Il n'était pas certain de comprendre les raisons de cet enthousiasme, n'ayant probablement pas assez de recul sur le personnage pour déceler une victoire dans la dissimulation de fait à un auror et membre de l'Ordre.

Mais il n'en dit rien, ne s'aventurant pas sur cette voie qui sentait le désaccord. Remus adoptait ainsi une vieille habitude en la matière, esquivant bien souvent les dissonances lorsqu'elles devaient poindre entre les Maraudeurs. Et puis de toute manière il n'avait ni le recul ni l'envie de mettre son nez là-dedans, trop occupé à observer cette vie qui continuait pour James et qui se plantait pour lui. Inutilité face à l'activité, il ne fallait pas plus de deux chaises pour les voir se personnifier et cette sensation il l’énonça dans un souffle avant de se noyer au cœur du feu de l'alcool qui traça bien vite sa voie dans sa gorge. Son verre n'était pas posé qu'il se remplissait déjà et que la contradiction sortait de la bouche de son interlocuteur. Les traits quelque peu crispé par l'expérience du whisky, Remus réussi néanmoins à émettre un avis sur ces mots.

Il n'était pas certain d'être en accord avec le niveau de bêtise que semblait relever James, pour le coup c'était lui qui avait quelque méconnaissance sur ce sujet mais au contraire de Remus, cela ne l'empêchait guère d’émettre un avis plein d'assurance. Cependant son estimation sur Peter était probablement juste, pour Sirius par contre... Rien n'était moins certain avec les reproches à peine déguisés auxquels il avait eu le droit. Un fin sourire parvint tout de même à faire bonne figure sur son visage, un bref instant, le temps que James n'engloutisse un deuxième verre alors que lui-même peinait à se remettre du premier.

▬ " Je ne sais pas ... Sirius ... Je ne suis pas certain qu'il serait aussi radical. " Sa main se referma sur son verre qu'il attira à lui en observant son contenu pour mieux ne pas regarder ailleurs. Doucement, ses doigts faisaient tourner l'objet, laissant des fragments de lumière s'accrocher parfois à la surface troublée. Non il n'était pas certain que les Maraudeurs puissent ainsi former un tel consensus sur cette question, mais ce n'était que de bonne guerre et puis c'était la vie, aussi. Et puis en parlant de vie, Remus s'arracha de la sienne pour se pencher sur celle plus animée de James. Auror, la question ne s'était jamais posée alors il n'y avait jamais songé, mais peut-être que cette voie lui aurait été épanouissante... Ou pas, après tout on parlait d'une vie qu'il n'avait pas. Dans tous les cas, les mots de son ami ressuscitèrent un semblant de sourire, l'image d'un James Potter en pleine classification était une apparition qui n'aurait rien pu créer d'autres chez Remus.

Il mit quelques instants à remettre un contexte autour de l'identité délivrée et encore, le sorcier n'était pas certain de sa compréhension. Il faut dire que sa dernière réunion de l'Ordre devait dater d'une année, peut-être un peu moins, alors retenir des identités à peine croisées. Il s'était souvenu de Maugrey parce qu'il l'avait vu, l'affaire avait été plus simple.

▬ " À croire que quelqu'un préfère que vous restiez entre vous. " Alastor et Sirius, Fabien et James, il aurait peut-être été plus prolifique que chacun se retrouve avec des sorciers à l'allégeance plus délétère... Mais au moins ses deux amis n'avaient pas besoin de regarder dans leur dos, c'était aussi rassurant et par les temps qui courraient c'était donc aussi précieux. " Et entre deux classements tu en as profité pour apprendre cette descente aussi ? " Remus leva un menton vers ce verre déjà vide. Certes James n'avait jamais été le dernier à lever le coude, bien loin de là, mais ce type d’enchaînement lui semblait un peu plus mémorable. Enfin la raison première de cette remarque était une lointaine taquinerie qui déliait un peu ses traits alors que lui-même préférait machinalement jouer avec sa deuxième dose, laissant son ami prendre de l'avance.

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3 Août 1979 ; Flagley-le-Haut, Angleterre ☾ solitude is fine but you need someone to tell you that solitude is fine. and if you're lonely when you're alone, you're in bad company.
Il avait le sourire aux lèvres, et pourtant, il n'avait aucune envie de rire. A la mesure du temps qui passait sur un rythme où l'insoutenable était d'autant plus cruel qu'il naissait d'une incompréhension entre ceux qui s'étaient toujours tout dit, James ne reconnaissait pas son ami et devait s'avouer aussi perdu qu'impuissant. Manifestement, Remus avait choisi le parti de vivre son deuil en solitude et s'il respectait pleinement son choix, il avait la désagréable impression qu'ils étaient pour la première fois à contre-courant. Plus que la perte d'une mère, c'était comme s'il renonçait par la même à tout ce qui avait rendu son existence légère, battant au rythme de ses dix-neuf ans. Il n'avait pas envie de parler de ce qui lui crevait le cœur, et ne voulait pas non plus s'imposer dans le monde. Comment, dès lors, ne pas se sentir coupable ? Avait-il troqué leurs signatures pour le bonheur conjugal et l'épanouissement professionnel ? L'avait-il à ce point trahi ? Il déglutit péniblement, ce qui pouvait aisément passer pour la force de l'alcool qui pulsait sous sa peau.

Avalant une troisième gorgée, son hésitation lui fit lever des sourcils provocateurs. « Te souviens-tu de ce que j'avais coutume de dire à l'école ? Comme quoi Patmol devrait opérer une transfiguration permanente ? Que ça le rendait plus doux... ? » Il eut un sourire, de ces sourires nostalgiques qui retracent en eux seuls plusieurs années écoulées. Les nuit de pleine lune avaient toujours été les plus belles, parce qu'ils les passaient ensemble et à la barbe de la bien-pensance et de tout ce qui faisait que leur monde, derrière son voile de féerie, avait quelque chose de profondément cruel. Il rejetait la différence, méprisant l'animalité qui pourtant était l'apanage de tous, quand bien même elle ne se manifestait pas une fois par mois. Remus pouvait-il sérieusement croire qu'il l'avait oublié ? James secoua la tête. « Non, je crois que tu as raison... Sirius n'aurait pas recours à des manières aussi brutales. S'il était avec nous, il se serait allongé sur le canapé de ton salon, telle une gravure de mode, en lançant très nonchalamment que tu ferais mieux de cracher le morceau qui te pèse plutôt que de me laisser tourner autour du chaudron... »

Ce sur quoi il avala sa troisième gorgée, parfaitement lucide. Il fallait plus que trois verres de whisky pour le décontenancer ! Il toisa le verre de son ami, faussement outré de le voir plein après quoi, il se laissa aller contre le dossier de sa chaise. En fond sonore, il pouvait distinguer le va et viens d'une pendule qui battait au rythme du temps. Mais James n'en avait cure. La nuit pouvait étendre ses bras sur Flagley-le-Haut qu'il ne décollerait pas de cette chaise de cuisine. Accoudant son bras droit contre la chaise, il fit mine de ne pas relever sa remarque sur un entre-soit. « Ne vas pas trop vite en besogne, Prewett est un vieux avant l'heure. Et ce n'est pas aussi glamour que ça en a l'air. Encore une fois, tu devrais passer une soirée avec nous... » Croyait-il vraiment qu'il le laisserait s'enterrer indéfiniment dans sa tanière ? C'était mal le connaître, pour ne pas dire le mettre au défi !

Il allait pour se servir un quatrième verre mais la bouteille resta en suspens.« Quelle descente ? Ça ? » fit-il, en jetant un regard condescendant sur son verre presque plein. Il se mit à rire. « Je pourrais te répondre que les lenteurs administratives me donnent envie de me noyer dans l'alcool plus que de raison mais je crains que ma femme ne me quitte pour poltronage... Or, si je suis téméraire, je ne suis pas fou. » Son sourire s'était fait large à l'image d'une Lily en maîtresse de probité, ses grands yeux vert lançant des éclairs et lui donnant plus que jamais une mine de chaton en colère. « Ils ont ouvert un nouveau bar à Londres, le "Cognard Ivre." Tu devrais nous y rejoindre... Ne fusse que pour que je te vois enfin esquisser quelques pas de danse, je suis certain que tu en ferais chavirer plus d'une ! » Tous les moyens seraient bons pour lui arracher un sourire. Qu'ils soient tissés de vérité ou filés d'humour.


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Remus demeurait dans la contemplation du liquide ambré entre ses doigts et sur lequel dansait parfois une flamme. Il se revoyait dans cette même cuisine quelques jours plus tôt et ne savait pas vraiment à quoi il devait se fier de cette entrevue. Ses idées avaient été encore moins claires qu'en cette soirée alors peut-être qu'il ne servait à rien de tirer des conclusions sur la réaction de Sirius. L'amorce d'un sourire se tailla sur ses lèvres alors que James évoquait le caractère bonne patte de leur ami sous sa forme de canidé. Remus avait en effet constaté ce phénomène lui aussi, dénué de paroles et touché par l'éternel enthousiasme du cabot, Sirius était moins abrupte. Le fantôme de son sourire perdura quelques instants, du moins jusqu'à ce que James tente de débusquer ce qui pouvait se tramer au cœur de cette bicoque solitaire. Remus releva le regard, croisant celui de son interlocuteur pour qui il commença à articuler une réponse avant de renoncer et de glisser à nouveau son attention vers son verre qu'il consentit à siroter pour meubler son silence.

▬ " Tu ne veux pas de mon chaudron James. Tu ne peux pas m'apprendre à vivre d'un coup de corne. " Finalement son sourire était revenu, doucement, instaurant un las amusement dans son regard qui revenait sur son invité. Car il était là ce poids que la perte avait exacerbé, dans ce fondement même qui lui faisait peu à peu comprendre la vie en meute de ses semblables. Sa meute à lui avait évolué, ne perdant pas de son importance mais peut-être de son efficacité. Il ne pouvait pas le blâmer, il avait une copieuse part dans ce déclin qui de toute manière ne pouvait qu'advenir la fin des études venue.

Une invitation apparue, de nouveau, entretenant le discret sourire de Remus. Contrairement à ce qu'il devait laisser entendre il n'était pas opposé à cette suggestion. Mais à sa première apparition elle avait été combiné à un voyage vers le Ministère et puis... On ne parlait pas de cette soirée non ? Sagement, Remus sirotait son verre alors qu'une vision d'une Lily furibonde se faisait dans son esprit grâce au récit de James. Un amusement s'instilla alors dans son regard, l'image oscillant entre vérité et ironie. Mais l'expression du sorcier s’assagit un peu lorsqu'une histoire de danse et de demoiselle émergeait.

▬ " En leur marchant sur les pieds ? Oui probablement. " L'auto-critique était plus métaphorique qu'autre chose car en réalité il n'était pas si maladroit avec ses pieds. Néanmoins, ses rares expériences aux côtés de la gente féminine s'étaient, en effet, achevées par une chute... Mais il n'était pas nécessaire de se souvenir d'un autre poids sur ses épaules n'est-ce pas. " Pas la peine de sortir tous tes arguments tu sais, je n'ai pas dit non. " Remus reposa son verre qui cette fois était bien entamé et reporta brièvement son attention sur la cage silencieuse depuis un petit moment. Avant de jauger ses armoires en tentant l'inventaire de ce qu'il pouvait trouver à grignoter à l'intérieur car cette conversation ouvrait au moins son estomac. " Il te suffit de me dire quand. " Certes, il ne disait pas "oui" non plus, nous étions dans un entre-deux. Mais seulement un grave manque de concordance calendaire le pousserait à ne pas se présenter et c'était bien ce semblant de promesse qui habitait son regard lorsqu'il revint sur James. " Dis-moi, simple curiosité, que t'as fait Maugrey à toi ? " Un soupçon d'amusement s'était logé dans le coin de ses traits, alors qu'il revenait sur cette interrogation muette qui l'avait animé quelque temps plus tôt. Tout était un meilleur sujet, c'était bien vrai, mais à ce stade le réflexe était inconscient car la question préexistait et qu'elle pouvait l'aider à mieux appréhender ce qui semblait rôder dans le sillage de l'auror.

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Pendant une courte fraction de seconde, il crut que son stratagème avait payé. Le sourire de Remus était là, quoiqu'encore timide, son regard planté fermement dans le sien, les lèvres s'ouvrant. Intérieurement, James s'était sentir pousser un soupir de soulagement. Enfin ! Enfin il daignait s'ouvrir ! Mais rien ne vint. A la place, son regard fuyait de nouveau pour se réfugier dans l'alcool. Au point de lui avoir fait amèrement regretté de l'y avoir invité. Un de ses sourcils se leva, comme en question silencieuse. Pourquoi hésiter ? Il n'était pas n'importe qui ! Il était son ami d'enfance, celui avec lequel il avait toujours tout partagé. Pourquoi cet enfermement ? C'était à devenir fou ! Et lorsque finalement, Remus articula, James se retint de faire les yeux ronds. Le prenait-il pour un con ? Il ne lui demandait pas de vivre selon son rythme, mais bien sur celui qu'il avait découvert avec eux et qui battait la mesure d'une existence autre que celle qu'on cherchait à lui imposer. Il n'était pas un paria !

Très calme, James se mit à tracer les contours de son verre d'un doigt, sans le quitter des yeux. « Trop tard, Remus. Ton chaudron, Sirius, Peter et moi-même sommes tombés dedans il y a huit ans. Et quoi que tu dises ou fasses, on est bien accrochés au fond. » Malgré tout, un petit sourire en coin étirait ses lèvres. L'image était drôle, mais servait le propos. Pour le meilleur comme pour le pire, Remus ne serait jamais seul. Aucun d'entre eux ne le serait jamais vraiment. C'est ce qu'ils s'étaient juré, sans même avoir besoin de se le dire ou de le consigner par écrit. Leurs amitiés étaient de celles qui se scellaient dans l'évidence, et quand bien même la vie tentait de les séparer, ils se retrouveraient toujours. « On a tous notre jardin secret. Mais tu nous connais suffisamment pour savoir qu'on sera toujours là pour escalader les murets respectifs des autres. Et toi le premier, si mes souvenirs ne me font pas défaut. » Empathique et réfléchi, Remus les avait tous aidés à un moment de leurs vies. Pour les tempêtes familiales qui agitaient Sirius, pour les manques de confiance en lui qui torturaient Peter, et pour son tourment amoureux. « Alors, tu le feras à ton rythme, mais je peux te garantir que tant que tu n'auras pas mis les mots sur ce qui te remue, je ne bougerai pas d'ici. » Et comme pour appuyer ses dires, il vida son verre.

Lorsqu'il le reposa sur la table, James sentit son sourire s'agrandir en même temps que la familière chaleur se propageait dans son corps. Il pouvait se faire plus poisseux qu'il ne l'était, cela ne changerait rien. Et bien qu'il faisait tous les efforts du monde pour proposer à sa femme l'image d'un homme du monde, James n'avait pas franchement l'oreille musicale. Néanmoins, il appréciait de plus en plus l'exercice, surtout par les temps qui courraient. Danser, c'était vivre. Fut-ce mal, et de manière incoordonnée, c'était une autre forme de résistance aux ténèbres. C'était important. « On peut convenir d'un rendez-vous demain soir ? Ça te laissera le temps de réviser quelques pas, Monsieur Le Bon Elève » Il esquissa ensuite un rire et secoua la tête. Il avait lui-même, en cachette, esquissé quelques entraînements. C'était ridicule, mais à chasser le naturel, il revenait au galop : James avait besoin de maîtriser une situation - envers et contre tout, même les pistes de danse !

Sa dernière question le laissa plus circonspect. « A moi, personnellement, rien. Pour le moment. Au Bureau, maintenant que je suis assigné, je n'ai plus le risque de devenir un dommage collatéral de son mentorat à l'égard de Sirius. En revanche, il y a l'Ordre... » James avait signifié à Dumbledore qu'il était prêt à se voir confier une mission pour l'organisation secrète. « Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que Papy va me le mettre dans les pattes ! »


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