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(d)anger ft. alastor

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alastor maugrey x alecto carrow
vendredi 17 août 1979


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La nuit avait été compliquée après cette fin de journée mouvementée, bribes de souvenirs qui s'entrechoquaient dans ses rêves et faisaient perler la sueur sur son front. Les engueulades, le rapport infructueux, son respect... Ce moment de perdition. Tout cela n'avait aucun sens, pas plus que cette chose dans sa poitrine qui se contractait douloureusement comme pour lui rappeler avec quelle froideur il s'en était allé. Sans un mot gentil. Sans un regard en arrière. A quoi s'attendre cependant quand tout n'avait été que physique, les bases posées bien avant cette journée, fondements qu'on ne pouvait changer et pour lesquels elle avait été prévenue... A la délicatesse Maugrey. Mais après tout, de quoi se plaignait-elle ? C'était ce qu'elle voulait aussi. Ce qu'elle avait toujours fait quoiqu'elle en dise et argue auprès des pauvres éplorés. La Carrow n'avait juste... Pas l'habitude qu'on lui retourne le comportement. Qu'elle ne soit qu'un bout de chair de passage, quelques soupirs puis un courant d'air. Ça l'énervait. Ça la rongeait. Elle ne comprenait pas. Et dans cette nuit agitée aux nombreux réveils s'était-elle d'autant plus maudite d'avoir cédée à ce rustre qui, s'il lui avait donné du plaisir, ne s'était donné lui. Cela ne se reproduirait pas. Plutôt crever. Elle se l'était juré.

Pour entendre son nom à peine un pied dans son bureau au ministère. Tiquant, croyant rêver, la joliesse se tourne et esquisse l'arabesque d'un sourire jovial, pour ceux qui du moins, ne la connaissaient pas, le poison suintant de toute part et se retenant d'étrangler tout bonnement l'abruti qui avait osé prononcé le mot tabou. « Mademoiselle Carrow ? Vous m'écoutez ? L'audience est en fin d'après-midi, histoire de relâcher au plus vite ce pauvre bougre. Comme vous le savez, il a été accusé injustement, et Maugrey devrait comparaître juste après... Il a bien dit qu'il viendrait ? » Pas de réponse. Les points serrés à en faire blanchir les jointures, l'héritière se détourne tout bonnement du jeunot chargé du boulot de secrétaire, le sourire se fanant aussi sûrement que la rage grimpait. Peu lui importait en cet instant de passer pour une impolie, plus qu'elle n'avait la foi de le contredire et corriger, Maugrey étant demandé à la barre non pas en tant que coupable mais bel et bien témoin. Ils se démerderaient une fois sur place, elle ne prendrait pas plus part à ce fiasco qu'on lui avait refourgué la veille. Elle vivante, ils ne l'y prendraient plus !

Et c'est pourquoi, à seize heures tapantes, elle se retrouvait assise sur l'un des bancs de la Cour, prête à assister à l'audience. Masque de façade de sortie, droite comme un i, il ne lui avait jamais été aussi pénible de se tenir ici. Siéger un jour au Magenmagot était son rêve, qu'elle savait futile, contrainte d'abandonner sa place à peine ses études finies pour porter le nom des Lestrange, mais... Cette salle restait avant tout celle où elle voulait le plus être au monde et pourtant... Il lui aurait été difficile de nier qu'elle n'avait pas envie de fuir. Elle ne voulait pas le revoir. Pas aujourd'hui. Pas dans pareille incertitude, la veille encore trop fraîche, l'instant toujours gravé dans sa chair... Pas certaine qu'elle saurait se contrôler comme à son habitude. C'était toutefois stupide, ne craignant absolument rien au milieu de tous les autres. Sûrement ne la verrait-il même pas dans la masse, trop concentré sur son travail. Ils n'échangeraient pas un mot. Et c'était mieux comme ça.

La séance débuta au quart, comme indiqué, et le présumé coupable fut amené devant les juges tandis que Bartemius Croupton Sr. prenait place pour présider l'audience, comme toujours. Instantanément, les bavardages cessèrent pour ne plus laisser place qu'au sérieux, le charisme écrasant du directeur de la justice magique imposant le respect. Les charges furent débitées par son secrétaire avec froideur et détachement avant qu'on ne donne la parole à l'accusé. Il n'y avait de toute évidence pas trace de mage noir dans cette âme, bien placée pour en attester, et son bras vierge de toute marque qu'il agitait à qui voulait bien le voir en témoignait. Lui aussi réclamait justice, d'une autre forme, se sentant floué. Croupton, lui, ne pipait mot, mais on pouvait sentir malgré son immobilité faciale qu'il n'y trouvait rien d'amusant. Ce fut alors à Alastor d'entrer en scène, ne s'étant visiblement pas mieux sapé que d'habitude et disposant toujours de cette même verve dont il était si fier. Elle soupira. Les jeux étaient faits, résultats courus d'avance et on relâcha le pauvre homme après lui avoir infligé une baisse de salaire sur les six prochains mois, histoire de paraître et sembler rien qu'un peu se soucier de leurs comparses moldus. Ça ne leurrait personne.

A peine le verdict rendu, l’amphithéâtre commença à se vider de ses occupants, ayant bien d'autres fléreurs à fouetter en cette période charnière, maugréant après l'auror qui leur avait apporté une fois de plus du travail inutile. Trop impulsif. Trop suspicieux. Trop connu des supérieurs pour s'en tirer avec une simple réprimande. C'est pourquoi, après un bref échange entre le directeur et son maître de stage, ce dernier se pressa à sa suite, elle dans son sillage, par obligation. « Auror Maugrey, attendez ! Nous n'en n'avons pas terminé. » Automatiquement un rictus se ficha sur ses lèvres, s'imaginant déjà le voir s'offusquer en prétextant qu'il avait mieux à faire et d'autres mages à arrêter. Le juge n'était cependant pas du genre à se laisser démonter et appréciait plus que tout le respect, le toisant avec férocité derrière ses petites lunettes rondes. Alecto quant à elle, feignait un profond ennui et une totale indifférence, le regardant à peine. Déjà son talon claquait le sol en un rythme régulier, signe de son impatience et peut être bien, de sa nervosité. « Monsieur Croupton n'a pas voulu plus vous descendre devant toute la Cour puisqu'il faut avoir confiance en nos aurors en cette période compliquée, mais il va sans dire qu'il n'a pas apprécié. Il m'a d'ailleurs chargé de vous dire qu'au même titre que ce moldu vous auriez la même amende, à savoir six mois de réduction de salaire, en plus de divers désagréments. Tout d'abord, votre temps sur le terrain en sera grandement réduit et vous serez dans l'obligation de prendre vos week-end, au moins jusqu'à l'amélioration de votre blessure. Et puis, évidemment, vous devrez présenter vos excuses à celui que vous avez arrêté, ce n'est que pure politesse. » C'en était trop pour qu'elle puisse se retenir, pouffant derrière la carrure rondelette de son supérieur, sacrément amusée par la tournure que prenait les événements, lâchant totalement le flot de réprimandes et conséquences qu'il ne cessait de déverser. Elle aurait cependant mieux fait d'être moins démonstrative, le karma lui revenant en pleine face avec la tirade suivante. « … Je vous laisse donc voir tout cela avec Mademoiselle Carrow, toutes les formalités se trouvent sur mon bureau ainsi que vos nouveaux... Horaires. » Évidemment. Encore une fois, on lui refilait l'ingrat et le boulot ingrat. Un tic agita sa fossette, bien moins heureuse présentement et une fois leur conversation terminée se força-t-elle à se comporter avec obligeance envers lui, son maître de stage la dévisageant. « Si vous voulez bien me suivre... Je crois que vous connaissez le chemin. » Un peu trop bien, malheureusement.

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À mesure que ses pas l’éloignaient du bureau d’Alecto Carrow, Maugrey ressentait une contrariété de plus en plus virulente lui écraser la poitrine. Contrariété qui, comme de juste, se mua en colère à la seconde où il retrouva son propre bureau. Muscles tendus, il attrapa sa veste en cuir de dragon pour quitter les lieux, sans un regard pour ses collègues, sans une réplique pour leurs insinuations douteuses. D’une humeur massacrante, il a besoin de se retrouver seul avec lui-même pour éviter de commettre une nouvelle connerie. Du moins, avant que celle-ci ne se règle.

L’inconvénient de la solitude, c’est qu’elle laisse tout loisir de réfléchir. Il préfèrerait une traque sauf qu’il n’a aucun dossier sous la main. Il préfèrerait vider son sac auprès de quelqu’un mais il n’accorde sa confiance à personne. Ou plutôt… Il refuse d’évoquer Alecto Carrow pour ne pas ternir son honneur. Il sait comment réagissent les familles au sang-pur face à la dépravation d’une de leurs filles. Enfin, ce qu'eux appellent dépravation et que lui qualifie plutôt de saine exploitation de son corps. Elle l’a peut-être jeté dehors comme un malpropre, cela ne lui donne pas le droit de ruiner son existence pour autant. Peu importe sa rancune. Les images de leur échange lui reviennent, heurtent sa conscience. Il aimerait se soulager hélas l’influence de la drogue n’a pas décru. Il souffre toujours d’une quasi insensibilité, d’autant qu’il a bu à sa gourde sur le chemin, sans y penser. Saloperie de Carrow. L’oncle, cette fois, pas celle qu’il a fait jouir dans son bureau sans même pouvoir y participer pleinement. Le monde complote pour l’empêcher d’arriver à ses fins.

Ce qui n’est pas plus mal. Parce qu’il le sait : il ne doit pas céder davantage. Ça finira mal et elle a bien plus à perdre que lui.

Alors il opte pour une autre catharsis. Il ne peut frapper personne, traquer aucun mage noir, il se sent glisser lentement vers cet état sauvage qu’il craint plus que tout, cette violence qui ronronne au fond de son ventre comme un fauve prêt à sauter sur sa proie. Ses poings se crispent. Son petit deux-pièces est déjà enchanté pour que le bruit n’en filtre pas. Alors il peut utiliser ses poings pour briser son mobilier. Cela lui arrive de temps en temps : détruire tout ce qui l’entoure, puis gentiment tout réparer comme si de rien n’était. Au moins, dans cet environnement, il peut se le permettre. Il sait comment se termine ce genre de scène : il ressort finalement le dossier de sa mère, qu'il relit pour la millième fois au moins.

L’aube arrive sans qu’il ne ferme l’œil. Il se passe un peu d’eau fraiche sur le visage sans se changer. Force de l’habitude. Il oublie d’enlever le cache, qui se retrouve trempé. Juron. Il délace le lien pour contempler le spectacle navrant de son œil de plus en plus noircit. Des veinures de mauvaise augure envahissent le blanc, il continue de voir trouble. À présent qu’il se regarde en face, la douleur revient comme une gifle. D’un coup de baguette, il sèche l’accessoire censé dissimuler au monde la laideur qui est sienne. Il se demande si Alecto –il l’appelle par son prénom dans son esprit et s’en fustige- pourrait le regarder en face. La vraie question serait plutôt de parier sur le temps qu’elle mettrait ou à vomir ou à tourner de l’œil. Non, décidément, il ne lui apportera rien de bon. Il a beau avoir envie parfois de l’étrangler, parfois de la faire gémir, il doit à tout prix l’éviter.

Fort de cette résolution, il retourne au Ministère de la Magie. La fatigue et l’antidouleur le laissent dans un état cotonneux qui se dissipe à peine devant la note qui patiente sur son bureau. On lui annonce que sa présence est requise en tant que témoin dans l’affaire qui l’a occupé hier. 16h15 précise. Il chiffonne le papier, le jette dans la corbeille. Il a mieux à faire.
Puis il se souvient qu’il a promis.
Il s’insulte de tous les noms.
Il ne revient pas sur une promesse, jamais. Il a merdé, il doit assumer. Oh elle mériterait bien qu’il la plante après le coup d’hier mais la perspective ne le séduit pas tant que ça. Une révélation qui lui tombe dur. Il cherche des dossiers à traiter qui ne le tiendront pas trop éloignés du Ministère, histoire de s’occuper l’esprit. Des bêtises. Vérifier une rumeur, une dénonciation, foutues pertes de temps. Il ne se prive pas pour livrer le fond de sa pensée à son apprenti qui l’accompagne toujours malgré les presque deux semaines de « congé forcé ». On ne l’a pas filé à un autre, dommage. Ou tant mieux. Il ne sait pas vraiment. S’occuper du mini-Black l’amuse, au fond. Il va se concentrer sur lui à 200%.

Arrive l’heure attendue. Il se rend au procès, arrivant juste assez en retard pour se glisser en silence dans la pièce. Son regard tombe sur Alecto, assise près du juge Croupton. Elle ne le voit pas ou s’assure de ne pas le regarder. La connaissant, il opte pour la seconde solution. Lui ne la quitte pas du regard. Il n’écoute même pas ce que raconte le type arrêté. Il constate que les chaînes n’entourent pas ses poignets, signe de son innocence. Seul crime : avoir levé la main sur une moldue. Maugrey enjolive un peu son propre témoignage, disant qu’il l’a vu agresser cette femme et que comme il enquête sur une vague de meurtres commis par des sorciers sur des moldues, il l’a arrêté dans cette optique. Il ne ment même pas. Il a beau agir sur un coup de tête, son subconscient a toujours une bonne raison. Il espère s’en tirer à bon compte même s’il voit bien que ça emmerde profondément le Magenmagot de s’occuper de ça. Il l’a affirmé hier à Alecto, la preuve se rejoue sous ses yeux : les sorciers se désintéressent de la vie quand celle-ci n'a pas du sang magique dans les veines.

Mais avant qu’il ne puisse véritablement s’enfuir, on l’interpelle. Il s’oblige à se retourner, en partie parce qu’il a entendu le bruit des talons de la Carrow. Il reconnaît le staccato de sa démarche. Il inspire, bloque l’air dans ses poumons… Avant de se prendre une pluie de décisions parfaitement injustes. La colère revient, le monstre qu’il n’a pas pu calmer le soir précédent, manquant de chair coupable à exploser sous la fureur de ses poings déments. Il les serre d’ailleurs, attisant le tiraillement de sa peau qui se referme à peine. Il n'a pas songé à utiliser un sort de soin pour dissimuler cela. Il a toujours eu les mains abîmées, personne ne s'en soucie. Il se demande si on le virerait s’il défonçait le nez de ce crétin dans les couloirs. Il n’y a personne autour d’eux, à l’exception de la jeune femme.

Vous me prenez pour un infirme ? Réduire mon temps sur le terrain en pleine période de crise, c’est criminel !

Sous-entendu : ça ressemble à une décision de Mangemort. Mais ce type est trop con pour faire le rapprochement. Ou pas, il décide peut-être de ne pas entrer dans son jeu. Et là... Petit rire, issu d’une gorge féminine dans son dos. Son poing se crispe encore plus, la fureur devient difficilement contrôlable. La douleur va de pair avec l’adrénaline qui rugit dans ses veines. Il s’oblige à sortir sa gourde pendant que l’autre termine son petit discours. Il avale une gorgée du contenu, espérant anesthésier ses pulsions en même temps que le reste.

Vous pouvez vous les carrer où je pense, mes…

Sauf qu’il l’a déjà abandonné avec Alecto Carrow. Instinct de survie ou désintérêt complet ? Frustré, il reste figé sur place alors que la garce le dépasse, rire ravalé à présent qu’un nouveau tête à tête se profile. Lui n’a pas oublié et il a la rancune chevillée au corps.

Non, je ne veux pas vous suivre.

C’est plus fort que lui. Son poing termine dans le mur. Encore. Personne n’assiste à la scène, le couloir étroit est déserté. Horaires de fonctionnaire sur les procès. Deux phalanges explosent sous la force de son coup en plus du traitement infligé hier à cette partie de son corps. Il a mal, évidemment. Le sent à peine grâce à la potion. Il essaie d’évacuer cette tension qui ne le laisse pas en paix depuis hier. Il utilise ce détournement pour ne pas étriper ce connard injuste qui essaie de le mettre au placard pour une petite blessure de rien du tout. Et surtout, surtout, il préfère ça à lever la main sur la jeune femme en face de lui, acte qu’il n’a jamais commis et ne se pardonnerait pas. Il a trop de rage à l’intérieur. Il refuse qu’on l’écarte. Il a besoin de traquer. Ils ne se rendent pas compte, eux tous. Prendre ses congés ? Qu’en ferait-il ? Son salaire, il s’en moque. Il vit chichement, il possède une épargne pour tenir quelques temps.

Je préfère vous laisser rire toute seule devant vos papiers qu’il est hors de question que je signe. Payez-moi ce que vous voulez ou ne me payez pas, ça ne m’empêchera pas de travailler comme je l’entends. C’est la guerre, dehors, bande de petits scribouillards planqués et stupides ! Avec des décisions aussi idiotes, c’est l’ennemi que vous servez.

Il ramène le long de son corps sa main blessée. Le sang goutte sur le sol, on aperçoit même un bout d’os blanchâtre sur une articulation. Il s’en moque. Il ne veut pas discuter, puisque sa situation l’amuse tellement. Il préfère prendre le risque de la dépasser pour se tirer, résistant à l'envie de la bousculer.
Oui, elle l'a blessé. Il s'en rend compte à présent et ça l'énerve encore plus. Il a été con de croire à son petit numéro.
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alastor maugrey x alecto carrow
vendredi 17 août 1979


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Feindre, ça avait toujours été son point fort. Afficher des sentiments qui n'étaient pas les siens ou une profonde neutralité. Garder le contrôle de chaque muscle de son corps, de chaque mot qui s'échappait d'entre ses charnues. Une perfection difficilement atteinte, qui lui avait pris des années. Utile, oui, nécessaire avant tout. Lui permettant de vivre comme elle le voulait, pour l'instant du moins. D'entuber cette ordre d'abrutis et se jouer de ces hommes qui se croyaient rois. Ne ressentant de toute façon pas grand chose, comme anesthésiée de toutes émotions. Elle n'avait pas d'attaches la Carrow, synonymes de freins. C'était plus simple ainsi. Et c'est ce qu'elle se répétait inlassablement alors qu'elle se dirigeait vers lui à la suite du petit homme bedonnant prêt à lui passer un savon.

Oh elle savait bien qu'il ne s'en sortirait pas à si bon compte après le fiasco de la veille mais... De là à prendre si cher. Croupton devait vraiment être énervé. Ou était-ce son supérieur qui déversait sur lui son fiel après s'être fait remonté les bretelles ? Difficile à dire. Le tableau n'en restant pas moins comique, le colosse à la gâchette facile houspillé par un bourge replet qui le prenait incontestablement de haut et se fichait éperdument de ce qu'il avait à dire. Il ne lui en laissait même pas le temps, faisant monter la tension et se doutant que d'un instant à l'autre, il allait exploser. Elle ne le regardait pas la belle, préférant fixer le mur avec ennui, plus intéressant sûrement que lui. Moins dangereux. Mais elle savait. Elle le connaissait, pour ne l'avoir que trop regardé. Elle ne s'en était juste pas vanté, elle, de l'avoir espionné. Elle savait aussi très bien qu'elle n'aurait pas du rire, timbre dénotant dans l'échange empoisonné qu'ils entretenaient, elle n'avait simplement pu s'en empêcher. Et désormais, elle en payait le prix.

N'ayant pas suivi les dernières notes du débat, son nom la sort cependant de sa pseudo léthargie, son corps se contractant derechef rien qu'à s'imaginer de nouveau avec lui dans son bureau. Qu'il soit maudit. Elle n'était pas étonnée qu'on refile aux stagiaires le sale boulot, son chef ni plus ni moins qu'un lâche qui après lui avoir vomis à la gueule le laissait avec elle et ses conséquences. Ça ne l'empêchait pas de s'en offusquer, serrant les poings et froissant le tissu de sa jupe alors qu'elle amorçait une avancée en direction de leurs locaux, raide. Cette fois-ci, elle lui laisserait à peine le temps de s'asseoir. Cette fois-ci, elle le laisserait tout bonnement se démerder. Si tant était qu'il l'ait suivie et écoutée.

La rudesse de son ton la frappe aussi fort que son poing rejoint le mur, sursautant avec force et se retournant vivement, effarée. Ses cérulées se posent sur sa main ensanglantée, source du bruit sourd, et elle en pâlit quelque peu à voir son état si piteux. Comment pouvait-il paraître aussi calme face à sa douleur alors qu'il semblait si salement amoché ? Rien qu'à en constater le spectacle, elle en avait un frisson d'horreur. « Vous n'avez pas vraiment le choix. » Elle s'entend parler mais n'a pas l'impression qu'il s'agit d'elle, cerveau anesthésié et voix hésitante qui ne lui correspond pas. Si elle avait peur ? Assurément pas. Pas pour elle. Encore moins pour lui. Elle ne comprend juste pas cet élan de fureur pure qui l'habite, certes mis sur la touche, mais pas capable de mettre un homme hors de lui. Apparemment si. Il n'avait encore rien dit mais elle pouvait sentir rien qu'au tranchant de son regard toute la rage qui l'habitait. Toute la violence qu'il retenait. Et ça la prit aux tripes, ne bougeant pas d'un pouce tandis qu'il déversait à son tour sa bile sur elle, insultant ses fonctions. Il ne croyait pas si bien dire néanmoins lorsqu'il affirmait qu'elle travaillait pour l'ennemi. Et si tel était le cas, rejoindrait-elle elle aussi le mur, victime de ses poings ? Peut être bien. Il n'aurait aucune pitié pour elle. Pourquoi en aurait-il ?

Soupirant lorsqu'il la dépasse, elle se retourne vivement et l'attrape par le bras, prévenant un quelconque mouvement pour se dégager et s'y accrochant fermement. Elle semblait peut être en sucre la sang-pure, mais il ne fallait pas la sous estimer, redoutable sous bien des aspects, même si techniquement, il serait capable de lui casser plus d'un os ou deux. Actuellement, elle s'en fichait éperdument, ses jades se posant une fois encore sur sa main qu'elle relevait à l'aide de son avant bras, inspectant les dégâts. « Et vous comptez aller où comme ça ? » Pas bien loin en tout cas, tant qu'elle serait là. « Je me fiche de ce que vous pouvez penser de moi ou mon travail alors allez-y, continuez à vociférer. Ça ne changera rien. Ça ne me touche pas. » Peut être trop vite dit, mais qu'importait, l'assurance était là. « Cependant vous n'irez nulle part seul et vous pouvez compter sur moi pour ça. » Elle était l'emmerdeuse, pas vrai ? Il allait comprendre à quel point. « Vous voulez travailler ? Commencez par ravaler votre fierté, elle pourrait causer votre perte. C'est bien beau de n'en faire qu'à sa tête, mais à force de se foutre de tout, c'est la porte qu'on se prend. » Et après, que fera-t-il ? Il était incapable de vivre sans son métier. Pas que ça la concernait, c'était son problème et un auror de son envergure en moins serait un cadeau non négligeable. Elle ne faisait qu'énoncer des faits. « Qui plus est, vous avez besoin de soins. Alors si ce n'est pour moi, faites le pour tout ceux qui vont tourner de l’œil à la vue de cette boucherie. » Et elle lui agite sa main sous le nez de ce bras qu'elle tient toujours, ses émeraudes pénétrantes malgré l'impassibilité de ses traits, pas prête à céder une once de terrain. Peut être que son numéro de violence marchait avec certains mais avec elle... Il était tombé comme toujours sur un os.

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Bien décidé à s’en aller sans se retourner, Maugrey voit ses plans contrecarrés par une petite emmerdeuse qui s’agrippe à lui sans avoir conscience de l’effort surhumain nécessaire pour contrôler son mouvement de rejet qui l'enverrait dans le mur déjà abîmé. Une part de lui se réjouit de la sentir le retenir, une autre a envie de continuer à lui hurler dessus. Une troisième, enfin, n’y comprend plus rien. Ce qui participe à l'entretien de sa colère.

Son cœur bat plus qu’une chamade alors que son œil unique se teinte d’un éclat sombre, dangereux. Rien n’y fait pour qu’elle recule ou qu’elle se taise. Fidèle à elle-même, Alecto lui déclame sa leçon sans sourciller. Elle le souffle assez pour qu’il la laisse terminer. Et il l’écoute, à moitié au moins, l’autre partie de son esprit concentrée à se calmer, intérioriser encore, essayer de comprendre cette femme ne fut-ce qu’une minute. Au moins, ça le distrait assez pour qu'il n'ait plus envie de rattraper son chef. Il le balancera par une fenêtre un peu plus tard.

C’est plutôt vous qui faites prendre les portes, miss Carrow, rétorque-t-il, agressif.

Il récupère son bras, sèchement. Ça le déconcentre, quand elle le touche. Même quand la situation n’a rien de tendancieuse. Il veut l’affronter avec toutes ses pensées. Enfin… Celles qu’il arrive à rassembler entre son médicament qui coule en trop hautes doses dans ses veines et sa nuit blanche.

Je ne vois pas en quoi mon état peut bien vous préoccuper. Vous avez été plutôt claire hier. Et ça… Ce n’est rien, vraiment. J'ai connu pire et je ne porte pas le cache-oeil pour le plaisir, vous savez. Ni pour attirer l'attention, comme vous avez l'air de l'imaginer.

Il agite vaguement la main, éclaboussant par accident le devant de sa robe avec quelques gouttes. Il fait mine de ne pas avoir remarqué. Il aimerait continuer de vider son sac sauf que ses mots restent coincés dans sa gorge sous le coup d’une soudaine lassitude. Il soupire.

Laissez tomber. Partez et laissez le gérer ses papiers tout seul.

Il cherche quand même sa fameuse bourse sans fond dans la poche intérieure de sempiternelle veste en cuir de dragon. Il la sort et en tire un mouchoir déjà taché d’un sang antérieur, qu’il enroule autour de sa main. Preuve supplémentaire qu’il n’en est pas à son premier coup d’éclat -encore moins ces deux dernières semaines- mais il ne cherche pas à sauvegarder les apparences. Il range l’objet en résistant à la tentation de boire encore à sa gourde. Pas qu’il ait mal. Juste… Il ne sait pas. Ça l’occupe. Pourquoi est-ce qu’il reste planté devant elle comme un crétin en attendant gentiment qu’elle finisse de l’humilier ? Ce n’est qu’un petit bout de femme qu’il peut écarter sans problèmes de son chemin. Mais non. Il reste là sans oser la touche alors qu’il ne se gênait pas quelques heures –une vie- plus tôt.
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alastor maugrey x alecto carrow
vendredi 17 août 1979


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Si elle était têtue l'était-il tout autant, combat à même le corps et dialogue de sourds entre deux personnes aussi bornées qu'incapables de se comprendre. Sans doute aurait-elle du savoir, comprendre tout du moins ce qu'il lui prenait. Relier les éléments de la veille à cet instant. Remarquer ses yeux cerclés violacés, cette façon qu'il avait désormais d'avoir envie de l'encastrer... Mais elle était trop distraite. Trop occupée à l'éviter jusqu'alors, croyant ainsi se protéger. Elle n'avait jamais été aussi idiote.

S'il l'avait gentiment laissé finir, il n'en était pas plus disposé à la suivre, la rejetant dès que sa poigne en fut moins forte, trop occupée à le dévisager enfin. Sa force la fit reculer d'un pas, équilibre fragile qu'elle réussit à maintenir malgré ses talons aiguilles, n'affichant pas la moindre faiblesse sur son minois. Elle ne lui donnerait pas ce plaisir. Pourtant elle se fige lorsqu'il lui répond enfin, s'attendant à tout sauf à ça, élément central de ses réprimandes. Elle lui avait fait prendre la porte ? Elle ne se préoccupait pas de lui ? Elle avait été... Claire ? Effarée, elle l'écoute déblatérer ses inepties, ne se rendant même pas compte qu'il arrosait sa tenue de son carmin, comme tentant de digérer l'information. Qu'insinuait-il ? Que ce n'était pas son travail qui le faisait exploser mais bien elle ? Qu'il avait été vexé ? Blessé ? Impossible. Il était celui qui avait été très clair, mettant des mots sur ce qu'ils ne partageraient jamais. Alors pourquoi ? Totalement inerte, son esprit carburant à la recherche d'une explication crédible, c'est absente qu'elle le voit tenter de s'en tirer avec un simple mouchoir, qui plus est déjà ensanglanté. Et ça l'énerve. « Mais bon sang, il est sale ! » Attrapant son poignet sans plus de cérémonie, elle est néanmoins bien plus douce lorsqu'elle s'applique à dégager le tissu de sa blessure. « Vous êtes doué pour aggraver les choses. » Elle ne savait pas si bien dire.

Le soupir passe la barrière de ses lèvres, énième en sa compagnie, lui rendant sa main mais gardant le mouchoir taché plus encore et répandant la fraîcheur nouvelle de son sang sur ses doigts. « Vous savez que je ne laisse jamais tomber. » Tout comme lui. Pire que des hippogriffes en cage. « Alors ne perdez pas votre salive en des tentatives aussi vaines. » Plus qu'un avertissement, un conseil. Peut être ne la prenait-il pas au sérieux parce que femme, frêle, fleur élevée en serre et travaillant dans l'administratif, il serait toutefois bien bête de s'arrêter à ces qualificatifs. Et s'il tentait de s'enfuir lui ferait-elle le plaisir de la démonstration. Mais là n'était pas le sujet à aborder. « Est-ce moi qui vous agace à ce point ? » Ça lui semblait si stupide une fois dit à voix haute, s'attendant à tout moment qu'il explose d'un rire gras, serrant son poing contre le mouchoir pour se donner du courage. « Je vous ai blessé ? » Oui, oui... Elle rêvait sans doute et les qualificatifs peu glorieux allaient pleuvoir d'un moment à l'autre pour se moquer de son manque de discernement, cependant... « J'avoue ne pas comprendre. Outre le fait que vous décidiez de ce que je pense ou de qui je me préoccupe, vous semblez réellement avoir une dent contre moi. C'est parce que je vous ai congédié hier ? » Pire que marcher sur des œufs, elle avait l'horrible impression de se ridiculiser. « Mais n'est-ce pas vous qui disiez ne vouloir rien de plus qu'un amusement charnel ? Vous aviez été si clair l'autre jour. » Pointe d'amertume qui transparaît dans sa dernière réplique accompagné d'un semblant de rire. « Vous auriez de toute façon passé cette porte sans un regard parce que je n'étais pas digne de votre temps, alors pourquoi ? Je devais être celle qu'on plante ? » Pour ça il pouvait toujours courir, son myocarde se contractant douloureusement à cette simple évocation, ses prunelles se durcissant. Elle était tout bonnement ridicule. « Si vous avez quelque chose à me dire, pourquoi ne pas me le balancer comme d'habitude, qu'au moins je puisse en être informée ? Que voulez-vous que je fasse sérieusement ? Que je vous contredise ? Que j'affirme vos conneries ? Ou que je vous laisse vous démerder avec votre blessure parce que monsieur en a vu d'autres et joue les gros durs ?! » Et elle s'arrête avant de partir dans les aiguës, inspirant pour tenter de contenir cette vague de colère qu'il avait déclenché un peu trop aisément. Fermant ses paupières, faisant le vide l'espace de quelques micro-secondes, histoire de se recentrer. « Dans ce cas vous m'en voyez navrée Alastor, mais je ne suis pas femme qu'on puisse commander. » Et dans son énervement ne se rend-elle même pas compte de la familiarité employée.

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Tout entier hanté par ses dilemmes, il ne comprend pas tout de suite ce dont elle parle. Quoi, elle le trouve sale, en plus ? Ah. Le mouchoir. Évidemment, il ne pense pas toujours à vider ses poches avant de lessiver ses affaires. Puis quelle importance ! Ça doit en avoir puisqu’elle lui reprend le poignet pour libérer le bandage tout juste achevé avec une douceur qui le laisse con, à ne pas bouger.

Il.
Ne.
Comprend.
Rien.


D’accord, il ne fréquente pas énormément de femmes, encore moins sur un plan personnel, mais le hibou qui apporte le mode d’emploi de celle-là a du se perdre dans les couloirs du ministère. À moins que pour décoder Alecto Carrow, il ne faille des compétences spéciales non incluses dans le programme basique. Bon sang. Pourquoi parait-elle si fragile en lui posant toutes ces questions bien trop pertinentes ? Il n’a pas envie de répondre, met toute son énergie à contrôler son visage pour qu’elle n’y lise pas la vérité. Il essaie. Réussit-il seulement ?

Il doit nuancer. Au fond, tout ça, c’est une affaire d’ego. C’est vrai qu’il a été clair, en juillet, quand elle lui a fait des avances. Oui pour le corps, non pour le reste. De toute manière, il ne veut pas de reste. Il n’en a jamais eu et s'en porte très bien. Enfin… Il ment. Il y a eu une fille ou deux, à Poudlard, ce qui ne compte pas vraiment. Dans sa vie d’adulte, il n’entretient pas de relations privées, n’a pas de copine ou de petite amie, des termes qui appartiennent à un autre monde que le sien. Quand bien même, il ne choisirait pas Alecto Carrow. Trop de complication. Il la connait, la famille. Il a déjà une fameuse dent contre l’oncle et les soupçonne de tous sortir du même moule.

Sauf elle.
Surtout elle ?
Non, sauf.
Surtout…
Merde.

Il était d’accord avec lui-même, pourtant. Éviter l’intimité, se contenter d’un peu de physique à la rigueur même s’il valait mieux s’en passer. Il n’a pas envie de lui causer plus de souffrances qu’il n’en lit déjà sur son visage. Il se demande si on peut jouer des émotions aussi vives et à la fois aussi pudiques. Elle tente aussi de ne pas perdre la face. Il se rappelle ces actrices moldues dans les cinémas et se dit que oui, on peut tout feindre. Même ça. Même ce moment. Lui ne ment pas et c’est bien ce qui lui pose problème. Il ressent… des choses.

Une envie de l’embrasser, par exemple.
Surtout quand elle l’appelle par son prénom.

Il se sent mourir à l’intérieur.

Que dire ?
Je veux que vous arrêtiez de mentir. Je veux que vous soyez vraie et honnête. Non. Je veux réussir à vous faire confiance, parce que je ne suis même pas certain que vous vous jouiez de moi et je ne le saurais jamais parce que je ne vous dirais rien et vous non plus. Parce que je fais confiance à mon instinct, à ma paranoïa, peu importe s'ils me jouent des tours. Vous êtes trop fière. Vous faites bien. Pour une fois, vous m’avez écouté. Vous faites attention à vous. Je ne suis pas quelqu'un de bien. Vraiment pas. Peu importe que vous mentiez ou non, au fond. Je refuse de croire que vous puissiez être aussi mauvaise que le reste de votre famille -personne n'est pire qu'Athanaël Carrow soit dit en passant. C'est peut-être ça, le problème. Juste un petit indice, un petit regard, sur qui vous êtes vraiment, Alecto...

Est-ce que vous savez soigner les blessures légères, au moins ? marmonne-t-il en détournant les yeux.

Il ne peut pas lui répondre autrement même s’il se maudit mille fois. Il ne peut pas confirmer que oui, elle l’a blessé en le mettant dehors et en riant de ses malheurs. D'où ce genre de stupidité le touche, d'ailleurs ? Cette magie noire le détraque. Puis... Il commence à douter qu’elle ait agi pour un autre motif que se protéger. Elle le dit, d’ailleurs : pourquoi serait-ce à elle d’être plantée ? Elle a raison.

Alecto.

Il a rajouté son prénom comme un souffle, comme un secret, sans savoir s’il a bien le droit. Si elle va se rebiffer ou non. Après tout, elle a usé du sien, alors… Ça lui paraît étrange et inapproprié, avec un petit goût d’interdit. Il apprécie. Son regard balaie le couloir autour d’eux pour trouver un endroit plus approprié à une discussion. Une vraie, avec des mots, où il ne lui sautera pas dessus et où elle gardera sa culotte – d’autant qu’il n’a pas encore réglé son problème. D’un autre côté, Maugrey n’est pas connu pour sa capacité à exprimer ses émotions. Sa verve, oui. Pour gueuler, il est le premier. Pas pour ça. Merde. À son âge, il a l’impression de retourner à Poudlard en cinquième année, quand ses hormones l’ont brièvement travaillé. Il se découvre gauche, empoté, mal à l'aise. L'opposé de l'auror plein d'assurance.

Allons ailleurs. En tout bien tout honneur, précise-t-il aussi vite.

Il ne la regarde toujours pas. Il a peur de ce qu’il verra dans ses yeux et surtout, de ce qu’elle verra dans le sien.
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alastor maugrey x alecto carrow
vendredi 17 août 1979


✧✧✧

Son discours terminé, toujours aussi sympathique – pourquoi changer les bonnes habitudes –, elle attend. Une blague. Un éclat de rire. Une parole déplacée dont lui seul avait le secret, s'évertuant toujours à rester aussi grossier. Mais rien ne vient. Et elle s'y perd. Dans le bleu de son œil qui semble en proie à la tourmente. Dans le stoïcisme de son corps qui lui non plus ne sait plus quoi faire, tout autant paumé qu'elle. Dans cet éclat qu'elle croit entrapercevoir dans ses prunelles sans en être pleinement sûre. La ménage-t-il ? Comment pourrait-il alors qu'il était si furax il n'y a pas une minute ? Pourtant la tempête semble passée, ses yeux d'orage désormais plus cléments. Plus... Doux. Elle ne savait trop. Elle était perdue. Elle ne comprenait plus. Et dans cet instant de silence se sent-elle plus apaisée qu'avec des mots, incertitudes tenaces mais rage éteinte d'une incompréhension toujours plus grande entre eux. Pourquoi fallait-il toujours qu'elle crie pour qu'il se taise ? Pourquoi devait-elle toujours être mauvaise pour qu'il s'arrête ? Cette danse n'avait pas de fin et les piques n'en devenait que plus acérées, ravageant une âme à défaut d'un cœur qu'elle se voulait absent. Était-ce si difficile de lui accorder du crédit à défaut d'un peu de confiance ?

Il fallait croire que oui, sa voix la faisant sursauter après ce court interlude, pourtant bien moins dure ou forte que précédemment. Aucune réponse ne lui est apportée, la frustrant quelque peu, cela ne l'empêche pas de pouffer, étouffant tout aussi rapidement son rire derrière sa main libre, le regardant de biais, comme prise sur le fait. Il fallait la comprendre aussi, il avait l'air d'un chaton. Un poil trop mignon. Presque inoffensif. Il ne l'avait pas habitué à pareil tableau. Forcée de paraître cependant, elle s'éclaircit la voix avant de lui balancer avec neutralité un « Non, je ne sais pas. Je veux juste vous faire mal. » Juste retour des choses, non ? Il en posait des questions... Évidemment qu'elle savait, le fantôme d'un sourire étirant un instant ses lippes carminées, amusée par sa réaction. Jusqu'à ce qu'il l'appelle par son prénom, faisant bien moins la maligne.

Choquée par ce revirement à 360 degrés, son cœur rate un battement. Alecto ? Il l'avait appelé Alecto ? Pourquoi ? Comment ? D'un coup ? Ses jades se relèvent à la recherche d'une réponse mais il fuit sans cesse et elle ne peut qu'en rester muette, comme une gourde. En étaient-ils à ce genre de familiarités ? Sans doute, après leur rapprochement d'hier... Le fait est que ça ne lui avait pas déplu, au contraire. Elle n'avait jamais autant apprécié entendre son nom, bien loin des sempiternels miss Carrow qu'il lui jetait à tout bout de champ. Elle ne devrait pas s'y habituer. Ce n'était pas correct.

Difficile toutefois d'y faire abstraction quand il lui propose d'aller ailleurs, la précision rajoutée si rapidement qu'une fois encore, elle se retient de rire. Qu'avait-il depuis tout à l'heure ? De lion fier et enragé il passait à caneton boiteux tout juste né. C'était à n'y plus rien comprendre. Cependant se décide-t-elle à accéder à sa demande, peu encline à le laisser s'en aller et faisant quelques pas dans un couloir adjacent avant de lui montrer l'une des portes, salle d'interrogatoire, vide à cette heure de la journée. Ça n'avait rien de cosy mais c'était suffisant, et de toute façon, il valait mieux. Tirant l'une des chaises, elle lui intime de s'asseoir avant de se munir de l'autre, se mettant face à lui. Elle se permet alors d'attirer sa main entre les siennes afin de l'observer de plus prêt. « Vous avez une trousse de secours ? » S'il se blessait souvent... Cela semblait assez intelligent. Le laissant chercher dans sa bourse, elle croise les jambes, le détaillant toujours aussi interdite. C'était étrange. Trop étrange. « Je n'ai toujours pas eu de réponse. » Non, elle ne lachait rien. Ce n'était de toute évidence pas dans ses habitudes.

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Il sourit, brièvement, quand elle avoue juste vouloir lui faire mal. Elle semble plaisanter et il n’a pas envie qu’elle sache à quel point elle le tourmente déjà. Il n’en a pas dormi de la nuit, occupé à pester comme un imbécile sur son comportement alors qu’elle se contentait d’aller dans le sens de ce que lui-même avait annoncé auparavant. Crétin jusqu’au bout, il n’y a même pas pensé. Pas une seconde. Égocentrisme masculin dans toute sa splendeur. Il s’interroge : comment aurait-il agi si elle ne l’avait pas congédié ? Serait-il parti sans un regard, suivant son affirmation ? Lui-même ne peut pas répondre. Il ne comprend plus ses réactions.

Elle l’emmène dans une salle d’interrogatoire et lui demande une trousse de secours. Il en a une, dans sa bourse. Il a beaucoup d’objets utiles, à l’intérieur. Il consent à sortir son précieux trésor pour l’ouvrir sur la table et fouiller dedans de sa main saine. Il tâtonne un peu trop longtemps pour ne pas répondre tout de suite à sa relance. Elle refuse de le laisser s’en tirer à si bon compte. Il tire une petite boite ronde contenant un baume senteur châtaigne qui lui donne toujours faim. Outre la torture pour son estomac, le médicament est un cicatrisant puissant. Il le laisse entre eux deux en se demandant s’il vaut mieux l’appliquer lui-même ou la laisser œuvrer. Il n’est pas handicapé, il suffit d’un petit coup de baguette pour ouvrir l’objet. Il attend, toutefois. Quoi? Il serait incapable de le détailler.

Il attend tellement que dans le silence absolu qui déborde déjà de points d’interrogation, le grondement de son ventre parait des plus vulgaires. Il se rappelle alors qu’il n’a pas mangé depuis… depuis… depuis…
Depuis quand déjà ?
Il soupire. Tout à son tourment, il en oublie le fondamental.

Une réponse à quelle question ? Vous en avez posé énormément.

Elle continue de se taire et de le fixer, l’obligeant à contempler sa propre tentative pitoyable de lui échapper. Il pourrait emporter son baume, sa bourse, prendre la porte sans se retourner. Pourtant ses billes glacées le clouent sur place. Il se sent dans la peau d’un suspect en plein interrogatoire.

Je n’en ai pas de satisfaisante à vous apporter, ce qui est déjà une réponse en soi. Hormis à la première : oui, vous m’agacez prodigieusement. Je vous le rends bien, il me semble.

Il sourit, pitoyable rictus dans un effort quasi désespéré pour noyer le poisson. Il ne ment pas : elle l’agace, elle l’énerve, elle le rend dingue. Mais il n’y a pas que ça. Elle le sait très bien, à moins d’être idiote et il doute que ce qualificatif convienne à Alecto Carrow.
Alecto.

J’ajouterais que je ne décide de rien à votre place -au contraire de ce que vous affirmez- et que vous êtes libre d’agir comme bon vous semble. Je me contente de vous donner des conseils quand il me reste assez de raison pour ça. Des conseils que vous ne suivez jamais, obstinée que vous êtes.

La preuve, elle est encore là.
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alastor maugrey x alecto carrow
vendredi 17 août 1979


✧✧✧

Du plus loin que remontait leur relation – si tant est qu'on puisse parler de relation entre eux –, il lui semblait que jamais il n'y avait eu pareil moment de calme entre ces deux la. Silence non pas pesant mais reposant, apaisement des âmes et envie de préserver... Cet espèce de fil, si mince soit-il, qui semblait leur permettre d'être deux adultes civilisés. Et non deux gamins qui ne pouvaient pas se piffrer. Équilibre fragile qu'elle-même ne savait comment maintenir, ayant l'impression de marcher sur des œufs depuis le début de leur conversation sans jamais avoir réponse satisfaisante à ses questions. Il s'était calmé, oui. Il la suivait aussi, et avait même accepté de se laisser soigner. Mais comme toujours, ce n'était jamais suffisant. Alecto n'était pas femme à se contenter de si peu.

Désormais installée sur la chaise inconfortable de la pièce étriquée, elle le regarde sortir sa bourse puis sa trousse de soins silencieusement, attendant toujours ses réponses et pas prête de le laisser filer. A vrai dire, elle ne comprenait même pas avoir à demander, ce dernier d'ordinaire si prompt à s'exprimer par gueulantes et lui dire à quel point elle était fatigante. Mais pas là. Là, elle nageait dans le silence. C'en était presque gênant. Jusqu'à la manifestation de son estomac, sa fossette se soulevant d'un amusement qu'elle peinait à contenir alors qu'elle haussait un sourcil à son encontre. « Vous n'avez rien à manger dans cette chose ? » Et par cette chose, elle désignait la bourse, bien loin de ses accessoires brodés hors de prix. On avait fait plus courtois, elle en convenait.

La patience a néanmoins raison de lui, feignant ne pas avoir entendu son piètre moyen de s'en sortir, impassibilité de mise et bras croisés. Elle avait posé beaucoup de questions, oui. Mais toutes se rejoignaient. Répondre ne devrait donc pas être si compliqué. Hors de question de céder d'un pouce, le toisant toujours aussi silencieuse. Mais évidemment, il finit par trouver un autre moyen, tout aussi contourné, la faisant soupirer. « Effectivement, vous êtes un emmerdeur né. » Et c'était bien peu dire, se retenant en cet instant de le secouer pour qu'il avoue. Comment pouvait-on être aussi obstiné ? Qu'y avait-il de si compliqué à répondre ? Il n'assumait juste pas. Il ne voulait pas lui dire parce que lui-même ne se l'avouait pas. Et d'un côté, elle comprenait qu'on ne veuille parler de ses vulnérabilités. Elle-même en était incapable. Quoiqu'elle n'en avait pas. Menteuse. Le fait est que son incapacité à s'exprimer avait parlé pour lui. Et quelque part, savoir qu'elle avait été capable de le blesser lui plu.

« Les conseils ne se donnent pas à l'impératif, vous savez ? » Léger sourire qu'elle lui offre avant de relever un peu sa jupe, déposant sa main blessée sur son genoux. Après le haut, autant éviter de tâcher le bas. « Vous sembliez bien sûr de vous quand vous parliez de ce que je ressentais, ça relevait presque de l'affirmation. Ou vouliez-vous juste que je vous détrompe ? » Ses jades se posant de nouveau sur lui à cette question, elle le détaille, en quête d'un signe qui le trahirait. « Que je me préoccupe de vous ? » Presque murmuré, il lui avait été difficile de le demander, pourtant pas celle que l'on mettait à nue mais quelque peu fébrile à cette simple évocation. Elle devait se ressaisir. Cette faiblesse ne lui convenait pas. Aussi sans prévenir sortit-elle sa baguette, la pointant sur sa main et lançant deux episkey informulés sur ses phalanges, entendant le craquement caractéristique qui signifiait qu'au moins à ce niveau là, tout était réparé. Sans doute l'avait-elle crispé, mais elle s'en fichait - tant mieux même -, c'était une bien piètre vengeance comparé à ce qu'elle était capable de lui offrir.

Prêtant finalement attention au baume, elle l'ouvre quelque peu curieuse, un sourire conquis se fichant sur ses lippes en humant l'odeur. « Ça sent bon. » C'était agréable, très sensible aux parfums, certains capables de l'apaiser. Ses doigts venant collecter un peu de la pâte, elle s'apprête à la lui appliquer, se stoppant à quelques centimètres alors que l'ironie d'un sourire se fichait insolemment sur ses charnues vermeilles. « Attention, ça va piquer. Dois-je souffler ? » C'était trop beau pour résister.

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Maugrey conserve un silence obstiné, se refusant à affirmer ou infirmer les suppositions d’Alecto Carrow. À quoi bon ? Il ne veut pas qu’on s’occupe de lui, il s’en sort très bien tout seul –merci. Il n’a jamais eu envie de s’engager dans une relation comme celle-là et cette certitude continue de tourner en lui. Il commence à se demander si la sorcière ne l’a pas ensorcelé d’une manière ou d’une autre. Mais comment aurait-elle pu ? Il n’a rien bu, rien ingéré, en sa compagnie. Elle l’a touché, oui, peut-être que cela suffit. Sauf si elle utilise un charme, une malédiction à distance ? Il suffit d’un cheveu… Pourquoi ne pas se raser la tête, au cas où ? Voilà ce qu’il envisage et ce sur quoi il se concentre quand elle pose sa main sur sa cuisse après avoir relevé un peu sa jupe. Pour ne pas la tacher, suppute-t-il. Rien avoir avec une invitation quelconque. Pour peu, il se retrouvera encore serré dans son pantalon sauf que la potion continue d’agir. S’il ne la regarde pas le toucher, il pourra l’ignorer comme il ignore la proximité de leurs deux corps ou la senteur subtile de son parfum.

Raison pour laquelle il ne bronche même pas quand elle tape deux fois le bout de sa baguette pour s’assurer que les os fêlés restent en place. Il oublie de feindre, trop occupé à réfléchir –et à s’empêcher d’inspirer trop profondément. Il doit exister une manière de la repousser avec efficacité… Laquelle ?

Je le prépare moi-même.

Il pousse la paranoïa jusque-là. S’il a choisi la châtaigne, c’est parce qu’il aime l’odeur mais surtout qu’il trouve le fruit adapté. Avec une base comme celle-là, une croute se forme sur la plaie, barrière contre les infections. Elle se mêle ensuite à la peau dont elle stimule la cicatrisation sans provoquer rien de plus désagréable qu’une envie de se gratter. Sauf qu’elle ne l’applique pas tout de suite. Il roule des yeux.

Vous feriez une exécrable médicomage, ça vous plait bien trop de faire souffrir vos patients.

Raison pour laquelle elle a opté pour ce métier, il suppose. L’infinie torture administrative, une subtilité qui lui sied très bien. Ça y est, elle se décide. Il voit plus qu’il ne sent sa main caresser la sienne sans rien laisser au hasard. Son index parcourt les bosses et les cicatrices, certaines plus anciennes que d’autres. Et encore, elle ne l’a pas vu nu.
Non pas qu’il compte se déshabiller devant elle…
… le voilà encore perdu dans son regard, en train de se pencher pour l’embrasser. Mais comment en arrive-t-il toujours à ce moment endroit du cercle vicieux qui les enrobe ? Il réussit à ne pas céder, recule son buste, se racle la gorge. Il a encore oublié de feindre la douleur.

Je ne sais rien de vous.

Il embraie sans trop savoir pourquoi il aborde soudain ce sujet en particulier. Peut-être parce qu’elle le pousse dans ses retranchements. Brandir cela lui permettra d’ériger entre eux une distance adéquate.

Je ne vous cerne pas. Je ne vous comprends pas. Ça ne m’arrive jamais.

Croit-il. Sa vigilance constante n’est hélas pas à toute épreuve.

Je ne vous le reproche pas. Vous vous protégez, c’est important. Mais vous devriez pousser cette attitude plus loin. Ce que je vous ai dit le mois dernier, c’était de ne rien attendre de moi non pas parce que je ne vous porte aucun intérêt mais parce que je ne sais pas entretenir des relations saines. Et je trouve que vous méritez de fréquenter quelqu’un de bien. Ce que je ne suis pas.

Il n’a pas détourné les yeux. Enfin, son œil. Il essaie de lui montrer sans trop savoir si elle entrevoit la vraie noirceur de son âme toute entière tournée vers le plaisir pervers de la traque et du châtiment.
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